De la relativité des épreuves  

21 décembre 1941

Grand gel. Hiver impitoyable. La pelure d'oignon a menti ,car elle était mince cette année ,d'une seule couche ,et les paysans auvergnats assuraient paraît-il qu'on y devait voir le signe d'un hiver clément! A la maison d'arrêt ,à la maison centrale, les décès reprennent de plus belle .Mais c'est au champs de bataille de l'Est qu'on pense, sous la glace et la neige ,à l'offensive russe qui vient de se déclencher. Entre les lignes des journaux ,dans les propos qui se colportent ,on cherche à découvrir la vérité. Les condamnés communistes, grelottant sous leur chemise et leur veste de bure,  accueillent les morsures du froid avec allégresse ,puisque la température la plus rude favorise les opérations soviétiques :"Il ne fera jamais assez froid", me dit, la joie dans l'œil, un être famélique qui balaie le couloir et dont les joues creuses sont marbrées ;

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  25décembre 1941

Noël… La chapelle du palais de justice est proche et  j'en entends les cloches comme l'an dernier celles de Marseille .Je les écoute  et je regarde vingt fois le calendrier pour me convaincre. Ces faibles signes me persuadent difficilement ,pourtant, à quoi bon douter? Cette journée est bien celle de Noël

Guy Chambefort