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Une nouvelle page va s’écrire

Ce n’est pas la première fois que la gauche et plus particulièrement les militants qui ont constitué le parti socialiste se trouvent confrontés à l’incompréhension voire à un certain rejet des électeurs en France. C’est un moment de crise qui peut être salutaire.

Bien sûr, il y a eu incompréhension de la politique conduite qui n’a pas atteint les résultats attendus pour les plus démunis, les erreurs regrettables de certains membres du gouvernement, la fronde portée par un groupe de députés. Ce qui est le plus marquant cette fois selon moi c’est l’absence de projet lisible d’organisation de la société qui serait réaliste dans un monde en mouvement et en recherche de repères. En fait, quelle organisation de la société en France en Europe et dans le monde proposons nous.

De nombreuses interrogations ont lieu, dans les débats des sections et des fédérations : quelle Europe, quel système économique face à l’économie de marché mondialisée voulons nous ?  Quel projet social égalitaire face à la pauvreté, à la maladie, à l’absence de travail pour tous souhaitons nous ? Quelle république laïque, quelle place aux libertés individuelles ou frein à celles-ci dans une période de terrorisme, quel droit aux femmes et aux hommes face à leurs orientations sexuelles, à la procréation, à la mort, quelles réponses face au dérèglement de la planète…telles sont les questions que nous posons.

Pour tous ces sujets, peu seront clarifiés et appréhendés de manière majoritaire, permettant de définir une ligne d’horizon à tenir à court et plus long terme. Ligne d’horizon qui tient compte du passé et du présent, repère pour l’avenir. Cet horizon doit être porteur d’un nouvel espoir, laissant la place à l’initiative individuelle, dans une démarche collective apportant les corrections nécessaires aux inégalités inhérentes à la vie.

Si ces sujets n’ont pas été clarifiés ce n’est pas par ignorance des enjeux, par insuffisance intellectuelle, mais par manque de courage pour faire émerger des projets majoritaires hors des synthèses qui ne rassemblaient que le temps d’un congrès.

En effet, comment faire fonctionner un gouvernement dans lequel cohabitent ceux qui proposent une réponse sociale démocrate qui s’appuient sur un dialogue social réformiste. Il y a ceux qui estiment que des nationalisations de certains secteurs d’activités sont nécessaires, ceux qui proposent un revenu universel, qui considèrent qu’il faut mettre en place une nouvelle République et ceux qui veulent aménager la cinquième : une république laïque sans avoir la même lecture de la laïcité.

C’est concrètement ce qui s’est passé et en anéantissant une partie de la gauche. Certains électeurs déjà troublés par maintes évolutions dans la vie quotidienne où l’ascenseur social a disparu.

Et pourtant beaucoup de femmes et d’hommes savent que l’idéologie de droite n’est pas celle du socialisme et aujourd’hui de la sociale-démocrate.

Cette idée a été portée par Jean Jaurès, par Pierre Mendès France, par Michel Rocard, par Edmond Maire pour la réflexion sur l’entreprise et la place de l’homme dans celle-ci, prend tout son sens aujourd’hui.

Etre Socialiste au 21ème siècle c’est être social-démocrate, c’est considérer que l’homme libre est au centre des préoccupations de l’organisation des sociétés et non le contraire.

Il est donc nécessaire de prendre en compte les réalités de ce monde et en particulier que nous vivons dans un monde à ciel ouvert dans lequel les échanges commerciaux sont mondialisés, où la liberté d’entreprendre est indispensable au développement. La majorité de ce monde est capitaliste. Sachant aussi que toutes autres formes économiques ont très souvent été privatives de liberté.

Reconnaître ce monde tel qu’il est, n’est pas obligatoirement l’accepter, c’est vouloir en corriger les insuffisances, les excès, les inégalités en s’appuyant sur toutes les capacités individuelles exprimées par les forces sociales progressistes.

Etre social démocrate c’est reconnaître l’entreprise et tous ceux qui la composent, c’est reconnaître que l’entreprise n’est pas qu’un lieu d’affrontement, c’est défendre les libertés mais savoir faire régner la république laïque sur tous les territoires, c’est organiser l’exercice démocratique en permanence et non pas seulement au moment des élections…

Etre social-démocrate, c’est s’inscrire dans une perspective permanente de liberté individuelle et collective, d’émancipation de chacun, d’égalité et de solidarité, c’est savoir gérer les collectivités, le pays en acceptant l’idée de compromis issus du débat constructif et permanent. Le compromis ce n’est pas la compromission, ce n’est pas perdre la face ou son identité nécessaire, c’est souvent une étape nécessaire pour atteindre ses objectifs.

Aujourd’hui être social-démocrate c’est considérer que l’homme et la planète sont au centre des préoccupations pour l’organisation de la société.

Ecrire cette nouvelle page va être passionnant, l’écrire ensemble le sera encore plus. Merci

 

Daniel Delassalle