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Affaire Karachi : 18 ans aprés, enfin le jugement du tribunal correctionnel ! La persévérance de Bernard Cazeneuve !

15 juin 2020. Affaire liée à attentat de Karachi : les protagonistes viennent d'être fortement condamnés par le tribunal correctionnel, à des peines de prison fermes. Voir les informations de ce jour. Cet attentat  avait couté la vie à 14 personnes originaires pour la plupart de Cherbourg dont 11 agents de la Direction des constructions navales (DCN). E. Balladur et F. Léotard seront bientôt jugés par la Cour de justice de la République mais n'y avait-il pas d'autres politiques concernés par cette affaire (voir ci- dessous).

Je voudrais témoigner de l'énergie que déployait Bernard Cazeneuve (ancien député maire de Cherbourg) notamment à la Commission de la Défense, à laquelle je participais pour que cette affaire ne tombe pas dans l'oubli. Nous avions souvent l'occasion d'en parler entre élus socialistes sous les présidences de Sarkozy et de F. Hollande. Il avait été marqué par cet attentat. IL aura a fallu 18 ans pour que les protagonistes soient condamnés. La vérité a été longue à venir pourtant l'hypothèse des rétrocommissions pour financer une campagne présidentielle était évoquée depuis longtemps. B. Cazeneuve nous indiquait régulièrement sa volonté de connaître les tenants et aboutissants de cette affaire pour répondre aux demandes des familles.

 
 
 
 
 
    

Affaire Karachi : un «porteur de valises» témoigne

Mustapha el-Jundi affirme avoir transmis en avril 1995 13 millions de francs à l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, proche du gouvernement français de l'époque. Ces fonds auraient servi à financer la campagne présidentielle d'Édouard Balladur.

L'enquête sur le volet économique de l'affaire Karachi prend une nouvelle tournure avec les extraits de l'audition comme témoin d'un «porteur de valises», qui affirme avoir transmis 13 millions de francs français à l'homme d'affaires Ziad Takieddine.

Pour rappel, en 1994, deux contrats d'armements avaient été signés entre la France et le Pakistan et l'Arabie saoudite. Selon plusieurs témoins, le cabinet du ministre de la Défense de l'époque, François Léotard, a imposé comme intermédiaires deux hommes: Ziad Takieddine et Abdul Rahman el-Assir. Tous deux auraient touché des commissions, ce qui était courant et légal à l'époque. Mais en 1995, Jacques Chirac, alors président de la République, ordonne l'arrêt du versement de ces commissions, soupçonnant que des rétrocommissions, soit de l'argent revenant en France en toute illégalité, seraient utilisées par son adversaire, Édouard Balladur, dans le cadre de sa campagne présidentielle.

 

Des liasses compactes de billets de 500 francs

Le 4 juillet, le juge Renaud Van Ruymbeke, en charge de l'affaire, a ainsi interrogé en Suisse Mustapha el-Jundi, un journaliste libanais, qui a déclaré avoir été sollicité par l'intermédiaire Abdul Rahman el-Assir, pour «remettre de l'argent liquide à un de ses partenaires commerciaux», par le biais du compte bancaire d'une connaissance commune, le cheik koweïtien el-Sabah. Et selon lui, le partenaire commercial n'est autre que Ziad Takieddine.

Durant cet entretien qui a duré deux heures, el-Jundi a confirmé avoir joué le rôle de «porteur de valises» à Genève pour el-Assir, pour «rendre service» à ses deux amis, rapporte Le Monde . «La banque [genevoise SCS Alliance] me remettait le liquide en billets de 500 F français, sous forme de liasses compactes retenues par une petite bande de papier», a-t-il détaillé. Il remettait ensuite l'argent à Ziad Takieddine directement à Genève, généralement le jour même, «par exemple au café de mon hôtel». «À mon souvenir, Ziad Takieddine était seul […] il s'agissait d'une opération que nous faisions discrètement», ajoute-t-il.

 

Entre le 6 et le 7 avril 1995, celui-ci aurait au final récupéré 13 millions de francs français. «J'ignore ce que Ziad Takieddine a fait avec cet argent liquide et je ne le lui ai jamais demandé», précise Mustapha el-Jundi. De son côté, Ziad Takieddine a toujours nié que ces remises de fonds ont eu lieu. El-Assir, retrouvé il y a peu en Suisse, doit prochainement être entendu par la justice pour donner sa version des faits.