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Déambulation :La folie "chaussi" douce !!!!!!

courrier d'un de nos lecteurs

En recherchant les exemples de chaussée à voie centrale dont les élus sont venus nous vanter les mérites dans nos quartiers, on s’aperçoit que les tentatives de "chaussidou "se trouvent surtout sur des petites routes de campagne. On peut alors comprendre que la canalisation des voitures sur la voie centrale  à 80 ou 90 km/h ait un certain intérêt pour la sécurité d’un cycliste circulant à 20 où 25 km/h sur le côté droit de la chaussée. En campagne, il est possible d’admettre que le tracé" chaussidou "contribue à éviter l’effet de surprise chez l’automobiliste qui arrive sur un deux roues comme sur un obstacle imprévu s’il existe une forte différence de vitesse de déplacement. On arrive alors sur le vélo comme sur un mur et il est préférable de se situer plutôt à l’axe, cela, on le comprend.
Mais en ville? La situation est très différente en raison des carrefours nombreux, du stationnement, des passages piétons protégés, des manœuvres fréquentes des usagers qui entrent dans leur propriété etc...En ville, l’automobiliste est astreint à une vitesse réglementaire réduite, voire très réduite, précisément pour ne pas se trouver surpris par le comportement des autres usagers. Dans ces conditions, quelle est l’utilité d’un dispositif qui met les automobilistes face à face? A la moindre inattention, c’est l’accident, ou l’accrochage. Le pauvre cycliste  sur son côté de voie, pourrait bien d’ailleurs en faire les frais. On ne nous dit pas non plus quel est la conséquence de ce tracé sur le stationnement. Faudra t’il mettre sa voiture sur le trottoir? Ou bien si la voiture est stationnée sur le côté droit de la chaussée, ce qui est autorisé à la quinzaine dans la plupart des cas, faudra-t-il que le cycliste se déporte sur la voie centrale au risque d’y rencontrer un véhicule circulant au même endroit en sens inverse à cause du"chaussidou"?
Il est encore temps de protester contre cette invention que des élus ignorants et incompétents présentent comme la panacée. Notre sécurité ne peut être instrumentalisée par des inconscients qui n’ont en fait qu’une seule idée, celle de se faire valoir à l’aide d’idées saugrenues qu’ils tiennent pour des innovations.
Ils se prennent sans doute pour de petits rois capables de changer les lois, mais qu’ils se méfient bien de ne pas se faire répudier, car ce n’est pas du goût de la Petite Reine.

 

 

Quelques remarques:

date de création du "chaucidou" 1997


Publié par cyclamaine en 2020

“Chaucidou” : ceci n’est pas un vrai aménagement cyclable

 

Le Mans métropole a récemment communiqué sur la réalisation d’une chaussée à voie centrale banalisée, aussi appelée “chaucidou”, entre Allonnes et Saint-Georges-du-Bois.

 

Précisons d’abord que l’agglomération n’a à aucun moment échangé avec nous à ce sujet.

Cette absence de concertation devient décidément une habitude problématique.
C’est d’autant plus dommageable qu’il s’agit d’une configuration rare et les nombreuses questions reçues le prouvent : pour toutes les catégories usagers c’est un OVNI (objet de voirie non identifié) !
 
D’abord le choix de cette solution sur cet axe nous semble discutable. Le “chaucidou” est pensé comme une réponse de dernier recours pour franchir des “points durs” avec de fortes contraintes de largeur – ici par exemple le pont sur la voie ferrée. Pas pour relier deux communes sur 2,4 km de route à travers champs !
 
Ensuite dans sa réalisation. Le “chaucidou” ressemble à des bandes cyclables mais, selon le code de la route, c’est simplement une chaussée (entre les pointillés peints) et ses accotements carrossables. Ces accotements peuvent être empruntés aussi bien à vélo qu’en voiture (légalement, on peut même y garer sa voiture).
 
Le principe du “chaucidou” est donc que les cyclistes circulent sur les accotements et les véhicules motorisés sur la chaussée. Celle-ci étant trop étroite pour que deux voitures s’y croisent, leurs conducteurs sont censés serrer à droite dans ce cas pour rouler chacun à cheval sur l’accotement et la chaussée. Cela implique qu’avant cette manœuvre les automobilistes s’assurent de l’absence de cycliste sur l’accotement, et surtout qu’ils circulent à vitesse réduite.
Or Le Mans métropole a choisi une limitation à 70km/h sur la quasi-totalité du trajet.
 
Une telle limitation de vitesse en situation de mixité est clairement incompatible avec la sécurité des personnes se déplaçant à vélo. Rappelons que la violence du choc en cas de collision est proportionnelle au carré de la vitesse : un choc à 70 km/h est deux fois plus violent qu’à 50 km/h.
En cas d’accident, la responsabilité de Le Mans métropole sera lourde car cette combinaison configuration / vitesse est en dehors des recommandations. Le Cerema, le prescripteur de référence pour la voirie en France, a mis les siennes à jour cet été.
Aux Pays-Bas, l’organisme de référence, le Crow, conditionne la réalisation du profil de chaussé type “chaucidou” à une limitation à 30 km/h.
 
Non seulement la peinture n’apporte jamais de sécurité aux gens qui se déplacent à vélo, mais dans ce cas le marquage est prévu pour être franchi !
Ce principe risque d’entretenir chez certains automobilistes la tendance déjà forte à s’approprier les aménagements cyclables (les vrais, ceux qui sont réservés aux déplacements à vélo).
C’est un dangereux signal que Le Mans métropole envoie là, à rebours du mouvement mondial vers une meilleure protection de l’usage du vélo.
La confusion est ici poussée à son comble par la peinture de pictogrammes vélos sur les accotements, en contradiction avec les instructions pourtant explicites du Cerema : “l’ajout de la figurine vélo sur la rive est à proscrire, car il crée une confusion avec la bande cyclable, voie de circulation exclusivement réservée aux cyclistes, interdite à la circulation, l’arrêt et au stationnement motorisé” (Chaussée à voie centrale banalisée  – Éléments de recommandation – 2017).
 
La communication sur le fonctionnement du “chaucidou” n’est pas non plus à la hauteur. Les panneaux implantés comportent un schéma où deux automobilistes, pour se croiser, doublent des cyclistes. Au lieu de donner un exemple d’apaisement, ils indiquent exactement le genre de comportement dangereux qu’il faudrait dissuader !

En l’absence de modèle réglementaire, ce sont les aménageurs qui choisissent le panneau. Le Mans métropole aurait très bien pu choisir un schéma où les automobilistes se rangent derrière les cyclistes pour se croiser. St-Mars-la-Brière a fait ce choix pour son propre “chaucidou”.