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Deux crues de l'Allier : article écrit en 1954 par Auguste Bramard Vice-Président du Comité météorologique de l' Allier et membre de la Société Scientifique du Bourbonnais

Grande crue exceptionnellement forte de l'Allier du 23 au 28mai 1733

Le journal d'un bourgeois de Moulins en fait le compte rendu suivant :

“Le 30 mai, les eaux s’étant retirées, les échevins de Moulins sont allés à travers la ville constater les ravages qu’y a fait la crue. Le couvent et l’église des Jacobins (Sacré‑Coeur actuel) ont été dévastés. Dans les chambres du couvent, les eaux ont renversé les meubles et emporté les effets. Dans l’église où il y avait trois pieds d’eau, il y avait de grands dommages. Tout le quartier du bas Allier était submergé ; en certains points l’eau s’élevait à 7 et 10 pieds. Les habitants se réfugièrent dans les greniers d’où on ne put les sortir qu’en pratiquant des ouvertures dans les toitures. A Hôpital St‑Gilles, il fallut monter les malades dans les combles. Pendant les trois jours que dura la crue, le maire, le curé et les échevins embarquaient place des Lices (d’Allier) sur des radeaux faits avec des tonneaux vides, naviguant de rue en rue pour porter du pain aux inondés ou sauver ceux dont les maisons menaçaient de s’effondrer ; sur leur passage ce n’était que meubles flottants. Le quartier de la Madeleine fut le plus éprouvé ; là, plusieurs maisons s’abîmèrent dans les flots sans que personne n’y put y porter du secours, l’impétuosité de la rivière empêchant de passer. Des prières publiques furent ordonnées par l’évêque d’Autun sur la demande du maire à l’effet d’implorer la miséricorde de Dieu pour la cessation du mauvais temps. Elles réunirent une foule d’habitants de la ville et des campagnes, les différentes administrations y assistèrent en corps".

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L'année 1790 reste dans l'histoire en Bourbonnais par les terribles inondations de l'automne

Avant de parler de la grande crue de l’Allier voici une note qui nous dépeint succinctement la physionomie de l’année :

Issoudun‑ “Cette année a été remarquable par un hiver aussi doux que le précédent avait été rigoureux. Le printemps fut assez froid et pluvieux, l’été très chaud et sec, l’automne doux et agréable. Abondance de froment d’une qualité rare, ce qui fit baisser le prix du bled de plus d’un tiers, de sorte que d’un écu et plus qu’il se vendait dans le courant de l’année il ne valait plus à la moisson que 40 sols et il a toujours été en décroissant, ce qui a été remarqué et a déconcerté les plus habiles spéculateurs” (Tourangin).

Venons‑en maintenant à la crue de l’Allier du 9 novembre 1790, la plus grande crue du siècle et peut-être de deux ou trois siècles : Moulins ‑ “Le mardi 9 novembre 1790 et jours suivants, la pluie a été continuelle. Le vendredy 12, la rivière a cru avec une telle rapidité et a­bondance qu’elle a crevé la levée près de Chambonnet des Carmes ; elle a pénétré dans les bas quartiers, dépavé les rues, décarrelé l’église des Jaco­bins, renversé les murs du jardin de Saint‑Gilles, de Saint‑Joseph, des mi­nimes, a abattu plusieurs maisons. On voguait à bac sur la place des Lices (d’Allier). Elle est venue dans ce quartier jusqu’à l’a chapelle de St‑Julien ; le cours de Bercy était inondé ; le régiment du Royal Guyenne quitta sa ca­serne de bon matin pour loger en ville. Malavaud, huissier, se noya pour une fanfaronnade, ainsi que Son cheval”.

Voici des notes ajoutées par Francis Perrot : “L’eau touchait le pied de la maison où se trouvait la Bonne Dame de la Délivrance, rue de l’Horloge L’on portait des secours en bateau aux carmes. Le sommet des levées était atteint ; toute la partie basse de la ville était inondée”.

 Pierre Guillot : texte extrait - 1954 "Les phénomènes météorologiques de l'Allier"-  Augustin Bramard décédé en 1959.