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ROCLES le 9 Novembre 2019

Samedi 9 novembre 2019 Rocles - Rencontre au monument pacifiste.

Depuis la création de ces rencontres je vais régulièrement à Rocles. On peut regretter que ce rendez vous soit devenu un peu trop le monument d'un seul parti politique. J'ai eu l'occasion de faire avancer le dossier des fusillés pour l'exemple sous le quinquennat de François Hollande. En effet, même si les orateurs à Rocles mettent tous les présidents de la Cinquième République dans le même panier, F. Hollande, lui, a fait aménager aux Invalides un espace consacré aux fusillés pour l'exemple. Une proposition déjà déposée en 2014, reprise par les députés Chassaigne et Dufrègne, n'avait pas franchie la commission de la Défense. J'avais voté ce texte en commission. La décision de F. Hollande permet aux familles quand elles existent encore de savoir ce qui s'est passé et même, si elles l'estiment utile, d'entreprendre une procédure de réhabilitation.

 

Rocles "Apprenons à supprimer la guerre"

Rocles_apprenons_supprimer_la_guerrDe tous les monuments pacifistes du Bourbonnais, celui de Rocles est sans doute le plus émouvant parce que le plus subtil. Ici, la dénonciation de la guerre et de ses horreurs passe par un buste d'enfant aux cheveux bouclés qui, du haut du monument, contemple la foule rassemblée à ses pieds, en indiquant du doigt le message gravé dans la pierre : « Apprenons à supprimer la guerre ».
La formule, unique en son genre, est à la fois réaliste et pleine d'espoir : elle prend acte qu'un monde sans guerre n'est pas pour aujourd'hui, mais qu'on peut en rêver à condition de bien éduquer les générations à venir. De fait, ce monument est une grande marque de confiance dans l'école de la République.

Sa construction a été décidée très rapidement, après l'Armistice de 1918, par le Conseil municipal de la commune présidé par M. Chardonnet. II est l'oeuvre de M. Charmillon, entrepreneur au Montet, dont le projet avait été retenu en septembre 1919. D'un coût de 3.500 F, il a été financé par le produit d'une souscription organisée dans la commune (1.900 F) et une subvention municipale de 1.600 F.
La commune l'a réceptionné le 15 août suivant. On peut ainsi en déduire que la première cérémonie commémorative organisée à Rocles devant son monument a eu lieu le 11 novembre 1919.

Le projet de M. Charmillon n'avait pas été du goût de la commission départementale d'architecture qui était chargée de donner son avis sur l'esthétique des monuments. La commission avait trouvé que l'inscription « 1914-1918 » gravée en-dessous du buste de l'enfant ne suffisait pas à rendre hommage à la mémoire des enfants de la commune morts pour la France. De toute évidence, la commune passa outre l'avis de la commission, estimant, avec raison, que le message pédagogique visant à « apprendre à supprimer la guerre » remplaçait avec force la traditionnelle épitaphe « Aux enfants de Rocles morts pour la France »

 

 

 

Les fusillés entrent aux Invalides

Le 6 novembre 2014, Kader Arif, secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire, inaugurait les espaces consacrés aux fusillés au Musée de l’armée.

Par   Publié le 07 novembre 2014 à 13h23 - Mis à jour le 19 août 2019 à 14h22

Temps deLecture 5 min.

Au Musée de l'armée, un totem digital situé à la fin des salles consacrées à la première guerre mondiale rappelle au visiteur les ordres de grandeur : 639 soldats français  fusillés pour l'exemple contre 1 322 000 morts pour la France.
Au Musée de l'armée, un totem digital situé à la fin des salles consacrées à la première guerre mondiale rappelle au visiteur les ordres de grandeur : 639 soldats français fusillés pour l'exemple contre 1 322 000 morts pour la France. A.F

Le 6 novembre 2014, Kader Arif, secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire, inaugurait au Musée de l’armée, à Paris, les espaces consacrés à l’histoire des soldats français fusillés pendant la première guerre mondiale. Ce nouvel aménagement répondait à un engagement pris par le président de la République, François Hollande, il y a un an, au moment du lancement des commémorations du centenaire de la Grande Guerre.

Pour Joseph Zimet, directeur de la Mission du centenaire, qui avait fait de la résolution de ce dernier « kyste mémoriel » lié à la Grande Guerre un objectif du centenaire, « les fusillés de la Grande Guerre réintègrent la mémoire nationale ». Le grand tournant avait eu lieu le 5 novembre 1998, lorsque sur le plateau de Craonne (Aisne), Lionel Jospin, alors premier ministre, avait exprimé son souhait que les soldats « fusillés pour l'exemple (…), victimes d'une discipline dont la rigueur n'avait d'égale que la dureté des combats (…), réintègrent aujourd'hui notre mémoire collective nationale ».

 

Selon Kader Arif, l’ouverture de ces espaces permet « d’inscrire la question des fusillés dans la mémoire militaire »« Ce n’était pas quelque chose de simple », a-t-il reconnu. Le projet de faire entrer l’histoire des fusillés au musée des armées n’a pas rencontré de résistance au sein de la grande muette. Seul le général et historien André Bach s’y est opposé. « Pour moi, la question des fusillés est une affaire politico-militaire, affirme ce spécialiste de l’histoire des fusillés. Enfermer une question aussi complexe au Musée de l’armée, au cœur du roman national, est un choix très discutable sur le plan scientifique. »

Lire : Le nombre des fusillés de la Grande Guerre est revu à la hausse

Ecrans tactiles et plans de bataille interactifs

L’aménagement des espaces consacrés à l’histoire des fusillés a été entrepris avec beaucoup de précautions. « Il n’était pas question de leur consacrer une salle, de leur ériger un monument au milieu du parcours sur la première guerre mondiale. Cela les aurait liés à un moment de la guerre de façon arbitraire », explique David Guillet, directeur adjoint du Musée de l’armée.

L’histoire des fusillés est ainsi abordée à quatre moments du parcours chronologique consacré à la Grande Guerre. « Au début de la guerre, lorsque le pouvoir exécutif comprend qu’il y a un risque que les soldats flanchent. Les autorités militaire le font savoir. Le pouvoir politique donne alors toute latitude aux militaires pour prendre les décisions qui s’imposent. Puis en 1916, lors de la bataille de Verdun. L’opinion publique prend conscience des dérives. Le pouvoir législatif vote une loi qui permet d’atténuer et de contrôler cette justice militaire. En 1917, lors de la bataille du Chemin des dames, de nombreux mutins sont condamnés à mort. Beaucoup de peines sont commuées. Enfin, après la guerre, à l’occasion de la réouverture des dossiers à l’initiative des anciens combattants qui permet la réhabilitation d’une quarantaine de fusillés dans les années 1920 et 1930 », détaille David Guillet.

Ces espaces sont dotés d’écrans tactiles et de plans de bataille interactifs, modernisant par la même occasion cette partie du musée. Celui consacré au début de la guerre est le plus important. Il comprend notamment des photos de conseil de guerre et de dégradation militaire, ainsi qu’une demande d’exécution signée par le général Pétain en 1915. Ces documents sont accompagnés par la projection du film Après les combats de Bois-le-Prêtre, réalisé en 1915, montrant la mort de masse. « Si on plaque trois images sur les fusillés dans un parcours, cela devient incantatoire, estime David Guillet. L’idée, c’était d’amener les visiteurs à comprendre le contexte de cette guerre ».

L’écran tactile propose pour sa part une typologie de dossiers de condamnation. Les notions d’abandon de poste, de hantise de l’espionnage, de mutilation volontaire, de châtiment collectif sont illustrées par des extraits de dossier de conseils de guerre. Une touche « Analyse » permet d’obtenir un éclairage historique sur un passage du document.

Lire l’interview d’Antoine Prost : « Il est très difficile de faire le tri entre les fusillés »

L’intégralité des dossiers sur le site Mémoire des hommes

L’histoire des fusillés est également présente à la fin du parcours sur la première guerre mondiale. Un totem digital rappelle au visiteur les ordres de grandeur : 639 fusillés pour l’exemple contre 1 322 000 morts du fait de la guerre. Un écran tactile s’intéresse aux regards des historiens contemporains. Les explications d’Antoine Prost, Annette Becker, Nicolas Offenstadt et Frédéric Guelton permettent de comprendre que la question des fusillés se pose en France, en des termes très différents des autres pays belligérants et que la première guerre mondiale diffère en la matière des conflits qui l’ont précédée et suivie.

Une borne digitale donne enfin la possibilité au visiteur de consulter la fiche de décès numérisée, lorsque celle-ci existe, des 1 008 soldats qui ont été exécutés pendant la première guerre : 639 pour désobéissance militaire, 140 pour des faits de droit commun, 127 pour espionnage, 47 pour motif inconnu ainsi que 55 exécutions sommaires. Sur cette base nominative, on trouve pour chaque cas quelques pièces à conviction, des minutes de jugement, des documents personnels. « Nous n’avons pas mis l’intégralité des dossiers sur cette borne. Certains d’entre eux comprennent plus de 3 000 pages. Pour des raisons de fluidité, nous avons sélectionné des extraits pertinents », explique Sandrine Aufray, chef de projet du site Mémoire des hommes.

Depuis le 6 novembre, l’intégralité des dossiers des fusillés est consultable sur Mémoire des hommes qui contient également les fiches des 1 322 000 « morts pour la France ». Cet outil voulu par le président Hollande est désormais à la disposition de tous. Il est ainsi possible de lancer des recherches sur les fusillés par nom, par date de naissance et de mort, par département de naissance et de mort, par bureau de recrutement, par unité et par grade. Seules les recherches par motifs de condamnation ne sont pas autorisées, cette donnée étant considérée comme « sensible » par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).


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Une borne digitale donne enfin la possibilité au visiteur de consulter la fiche de décès numérisée, lorsque celle-ci existe, des 1 008 soldats qui ont été exécutés pendant la première guerre : 639 pour désobéissance militaire, 140 pour des faits de droit commun, 127 pour espionnage, 47 pour motif inconnu ainsi que 55 exécutions sommaires. Sur cette base nominative, on trouve pour chaque cas quelques pièces à conviction, des minutes de jugement, des documents personnels. « Nous n’avons pas mis l’intégralité des dossiers sur cette borne. Certains d’entre eux comprennent plus de 3 000 pages. Pour des raisons de fluidité, nous avons sélectionné des extraits pertinents », explique Sandrine Aufray, chef de projet du site Mémoire des hommes.

Depuis le 6 novembre, l’intégralité des dossiers des fusillés est consultable sur Mémoire des hommes qui contient également les fiches des 1 322 000 « morts pour la France ». Cet outil voulu par le président Hollande est désormais à la disposition de tous. Il est ainsi possible de lancer des recherches sur les fusillés par nom, par date de naissance et de mort, par département de naissance et de mort, par bureau de recrutement, par unité et par grade. Seules les recherches par motifs de condamnation ne sont pas autorisées, cette donnée étant considérée comme « sensible » par la Commission nationale de l’informatique et des libertés