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Les petites histoires de la grande histoire ! Grande enfin n'exagérons pas !

Dans sa rétrospective des élections municipales de 2014 à Yzeure, Antoine Delacou donne une explication politique de la rupture entre le PS et  le PC à Yzeure. Ce sont effectivement les arguments qui avaient été donnés à l'époque.

En effet, le contexte permettait de dire qu'un boulevard semblait s'ouvrir devant le candidat Perrin. 37 ans d'union de la gauche avait volé en éclat. Quelques années ont passé, il est temps à l'aube des élections municipales de 2020 de donner mon interprétation de cette rupture. L'union de la gauche à Yzeure avait toujours été solide malgré les coups de tabac. En 2014, les divergences étaient minimes. Nous y reviendrons.

Un peu d'histoire : Remontons aux législatives de 1976 Jean Paul Desgranges (PS) avait été concurrencé par Jean Desgranges (PC) qui poursuivra sa carrière à Domérat. Un pseudo écologiste était sorti de derrière les fagots, on saura plus tard d'où il venait. Jean Desgranges arriva en tête de la gauche. Les reports socialistes vers les communistes à l'époque se faisaient mal au deuxième tour. Résultats Hector Rolland fut élu.

Les partisans de l'union de la gauche se mirent au travail à Yzeure pour préparer une liste pour les municipales de 1977. La liste, malgré la possibilité de panachage fut élue dans sa totalité. Ce fut le commencement d'une période d'union au service des yzeuriens et des habitants de l'agglomération. On peut penser qu'à partir 1989, le PS avec son développement aurait pu se passer du PC et se faire élire seul. Les élections cantonales successives le prouvent.  Mais je dois dire que le problème ne se posait pas. Il n'avait jamais été question de remettre cette union en cause. Les communistes très attachés au développement de la ville participaient pleinement à la gestion même s'ils n'étaient pas majoritaires. Je leur rendis la monnaie de la pièce puisqu'en 1998 je fus le 1er vice président de JC Mairal communiste (et je pense avoir assumé pleinement ma mission). C'était sans doute la première fois que cela se produisait. Président et premier vice-président sont habituellement de la même couleur politique. JC Mairal avait montré son esprit d'ouverture.

A Yzeure il n'y avait pas de marchandage pour la composition de la liste, ni pour  les postes d'adjoints. Le fait qu'après mon élection comme député, j'avais décidé de renoncer à mon indemnité de Maire et de répartir le montant comme l'autorise la loi aux autres membres du Conseil municipal. Ainsi les conseillers délégués et même les conseillers d'opposition, du fait de ma décision bénéficiaient d'une indemnité minime certes. J'ai toujours été pour le cumul de deux mandats sans cumul d'indemnités. 

Revenons à 2014 : oui j'étais Député et les communistes étaient en opposition. Mais le fait que je parte aurait du faciliter les choses. Et on ne va pas me faire croire que quelques sportifs (pas seulement des footballeurs) qui occupaient quelques postes, d'ailleurs avec les diplômes nécessaires ont provoqué la rupture . La chambre des comptes qui a examiné ce problème n'a absolument rien trouvé à redire. Le foot soulève des passions exagérées. Et pendant toutes ces années, les bons résultats de l'ensemble du club éveillaient un peu de jalousie. L'AS Moulins à l'époque où se retrouvaient droite et communiste voyait d'un mauvais œil sa suprématie locale contestée.

Ce n'est pas le foot qui est à l'origine de la rupture de l'union de la gauche à Yzeure. Surtout qu'aujourd'hui il y a autant de sportifs qui travaillent (et je ne le critique pas) pour un club qui n'est pas communal et sans réciprocité de la ville de Moulins.

Alors en 2014 les communistes essayèrent de négocier quelques avancées pour leur Parti. Les socialistes sur la lancée des précédents mandats auxquels ils se référaient tous les matins en se rasant, ça leur a passé depuis, ont pensé se présenter seuls. Eh oui au lieu de se répartir 6 postes d'adjoints ils pouvaient s'en répartir 9. Quelle aubaine ! Le résultat ne fut pas vraiment celui attendu : 41,8 % au premier tour, pas d'accord entre les deux tours, 42,8 % au deuxième. On laissa entendre que je m'étais opposé à la présence des communistes. Stupidité. Tête de liste j'avais fait l'union et là alors que je partais je m'y serais opposé. Je n'avais nullement participé à la préparation de la liste socialiste, cela est évident, car certains choix n'auraient pas été les miens. Les faits me donnent et me donneront raison.

La petite politique qui a fait capoter l'union de la gauche à Yzeure a été liée au nombre d'adjoints que voulaient garder les socialistes yzeuriens. Ce n'est pas autre chose.

Guy Chambefort

 

Politique 

Que s'était-il passé à Yzeure lors des élections municipales 2014  ? 

Que s'était-il passé à Yzeure lors des élections municipales 2014  ? 
Le 30 mars 2014, vainqueur des municipales au second tour, Pascal Perrin, ici avec ses deux prédécesseurs socialistes, Guy Chambefort et Jean-Paul Desgranges, assurait la continuité de la mainmise du PS à Yzeure © TREMODEUX Séverine
 
Quel contexte et quel scénario avaient présidé lors des municipales 2014 à Yzeure ? Rappel des faits.

A Yzeure, il y avait au moins une certitude à l’orée des municipales 2014. La commune, quel que soit le résultat des élections, aurait un nouveau maire à sa tête. En effet, cela faisait déjà plusieurs mois que Guy Chambefort (PS) avait confirmé son intention de ne pas rempiler pour un cinquième mandat.
Parole tenue. Sans suspense, le premier magistrat sortant avait passé le témoin au plus fidèle lieutenant de sa garde rapprochée : Pascal Perrin (PS), tout à la fois son dauphin et son 1er adjoint depuis six ans.

Que s'était-il passé à Moulins lors des élections municipales 2014 ?

 

Pascal Perrin héritier du PS et favori des élections 

Conseiller municipal de la majorité depuis 1995, adjoint depuis 2001, Perrin s’était donc lancé dans la course des municipales avec le dossard de grand favori. Fort de sa connaissance indiscutable des rouages de la mairie et de sa maîtrise des dossiers structurants. Mais également confortablement adossé au solide héritage socialiste yzeurien. Celui légué par Jean-Paul Desgranges (PS) qui avait fait basculer la municipalité à gauche en 1977. Et celui de Guy Chambefort, indéboulonnable maire depuis 1989, champion de tous les scrutins suivants (1995, 2001, 2008) et principal artisan du développement spectaculaire de sa commune tout au long de vingt-cinq années de gestion. 

Conseiller municipal depuis 1995, adjoint depuis 2001, premier adjoint depuis 2008, Pascal Perrin était parti favori avec l'investiture du PS 

Le PCF rompt l'alliance avec le PS

Dans ce contexte politique plutôt douillet et linéaire, autant dire que c’est un boulevard qui semblait s’ouvrir devant le candidat Perrin. Pourtant, coup de théâtre et coup de tonnerre dans le ciel yzeurien. Alors que la « ville à vivre » cheminait depuis 37 ans sur des mandatures d’union de la gauche, ce rassemblement historique avait subitement volé en éclats. Pour la première fois depuis 1977, les communistes yzeuriens, contre toute attente, décidaient de rompre la vieille tradition de l’alliance avec les socialistes.

Jacques Cabanne (à gauche) avait rompu l'alliance avec le PS en menant une liste Front de gauche 
L’adjoint au maire chargé du personnel municipal, Jacques Cabanne (PCF), prenait la tête d’une liste autonome étiquetée Front de gauche, en justifiant les raisons de cette rupture avec le PS par deux griefs essentiels. Le premier : un « désaccord profond » avec la politique menée au niveau national par le président de la République, François Hollande. Le second reproche, plus local : un ras-le-bol quant à « la trop grande importance » prise par le foot à Yzeure, notamment via le nombre d’emplois municipaux fournis au club, l’ASY.

 

Une ouverture pour la droite 

Dans une situation de fin de règne de Chambefort, de désunion de la gauche au niveau local et de désaveu de l’électorat envers le PS au niveau national, la droite avait flairé le bon coup à jouer. Associé à Bernard Euzet et à Odile Laîné, Michel Samzun, son chef de file, était parti au charbon avec la conviction d’une « victoire possible ». Samzun avait notamment ciblé ses critiques sur « la gestion financière chambeforienne », en dénonçant, entre autres, une « explosion de la masse salariale de la Ville ».

Michel Samzun (au centre) portait les couleurs de la droite avec Bernard Euzet et Odile Lainé 

Premier et second tours à trois

Le 23 mars 2014, à l’issue d’une campagne plutôt âpre opposant les trois listes, les bons scores de la droite (29,3 %) et du Front de gauche (29 %) avaient privé Pascal Perrin d’une victoire au premier tour, comme c’était la coutume à Yzeure.

23 mars 2014, le premier tour 
Mais pas de quoi franchement inquiéter le candidat socialiste. Conforté par sa première place (41,8 %) et par sa victoire dans la totalité des douze bureaux de vote de la commune, Perrin repartait idéalement placé -malgré le maintien de la liste Front de gauche- pour s’imposer dans la triangulaire du second tour.

Pascal Perrin, entouré par une partie du conseil municipal, lors de la séance d'installation 
Un second tour qui confirmait le premier, en plaçant les trois listes dans le même ordre que le dimanche précédent. Pascal Perrin gagnait ainsi le droit d’inscrire son nom dans l’histoire du PS à Yzeure. Et de faire perdurer sans rupture la puissante mainmise socialiste sur la commune. 

Antoine Delacou

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