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3 mai 2020 :Hommage à Idir qui était venu à Yzeurespace .3 mai 1936 :Victoire du Front populaire aux élections législatives .

 Idir est décédé samedi 2 mai .Idir avait enthousiasmé Yzeurespace il y a quelques années .La salle était remplie.

J'ai entendu il y'a quelques semaines, lors des élections municipales,  les platitudes habituelles sur une culture plus ...populaire . Etaient-il là ce jour là quand la France de toutes les couleurs reprenait en chœur sa chanson en langue Berbère "A Vava Inouva" ?

                                                                                                                               

Photo extraite du livre Femmes d'Afrique du Nord (Cartes postales 1885 1930) Leila Sebbar Jean- Michel Belorgey

 

 

 

BIOGRAPHIE

Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet, né en 1949 à Aït Lahcène, à 35 km de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande-Kabylie, rend hommage à son enfance. Avec le temps vient ce moment important où l’on sent confusément qu’il faut faire le chemin à l’envers pour se sentir totalement rassemblé, unifié, pacifié. Les chansons populaires sont ainsi toutes les routes qui le ramènent à son berceau de paix et d’identité. Grâce à ce disque, Idir opère donc un pèlerinage musical, il nous donne une leçon et un bel exemple de ce que peut être l’ouverture dans un monde où tout semble être déterminé par le désir du repli. Deux mots qui ne vont pas bien ensemble….

Onze chansons qui œuvrent aussi, pour lui et pour nous-mêmes, comme un remarquable travail de mémoire.

Traduction" A viva inouva "

Père Inouba

Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi.
 
Le vieux enroulé dans son burnous
A l'écart se chauffe
Son fils soucieux de gagne pain
Passe en revue les jours du lendemain
La bru derrière le métier à tisser
Sans cesse remonte les tendeurs
Les enfants autour de la vieille
S'instruisent des choses d'antan
 
Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi.
 
La neige s'est entassée contre la porte
L'"ihlulen"1 bout dans la marmite
La Tajmaât2, rêve déjà au printemps
La lune et les étoiles demeurent claustrées
La bûche de chêne remplace les claies
La famille rassemblée
Prête l'oreille au conte
 
Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi.
 
  • 1.Bouillie ; purée (plat liquide épais)
  • 2.Chaque village formait tajmaât (« une assemblée » en kabyle), une petite ou grande organisation selon l'importance numérique du village, semblable à la république démocratique

https://lyricstranslate.com/fr/vava-inouva-p%C3%A8re-inouba.htmlIdir, légende de la chanson kabyle, se plie à l’exercice du duo pour nous faire écouter un autre sens qu’il donne à ce partage pourtant si commun dans la musique. Le plus difficile n’est pas d’être invité à chanter avec autrui mais de se sentir admis comme un frère. Et non plus comme un étranger que l’on accueille avec bienveillance.

Ce disque est composé de chansons qu’Idir a profondément aimées dans son enfance puis dans sa vie d’artiste. D’autres sont venues à lui comme de belles invitations à se ressembler. Un seul mot clé pour comprendre le sens de ces adaptations : l’équivalence. Equivalence dans le terrain contrasté de l’émotion, plus que dans la traque acharnée du sens premier. Ameziane Kezzar a ainsi mené ce travail d’adaptation avec la complicité d’Idir. Car il ne fallait pas se risquer à simplement traduire, puisque c’est souvent trahir. La vérité est toujours dans l’intelligence de l’émotion. Et à l’écoute des chansons, se dessine ainsi puissamment la personnalité de ce berger de la conscience. Le chant kabyle, de toute éternité, colle à la vie sociale. Il renvoie spontanément à ces grandes et belles veillées où l’on racontait le monde avec des contes et des énigmes. C’est l’histoire, là encore, de l’enfant Idir qui écoutait émerveillé sa grand-mère et sa mère poétesse lui enseigner la force vibrante de la culture orale et de la valeur unique du mot. Ce qui explique aussi le choix de ces onze chansons qui portent le texte très haut dans le ciel de notre exception culturelle. Car il n’est question que de cela dans ce disque à la fois bouleversant et revivifiant. Comme si, de l’exaltation de l’enfance, nous pouvions retrouver le chemin de l’espoir en passant par la beauté de cette langue berbère.  
 
 
 

phie