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Alignement :les arbres des villes

Généralement, ils se rappellent à nous par temps de grosse canicule. Lorsqu’on en vient à parler végétalisation, débitumisation, désimperméabilisation… et qu’on les érige en une alternative écoresponsable à la clim qui aggrave l’effet de serre et les surchauffes. Mais les arbres des villes, c’est bien plus que cela. Une étude de 50 pages (en anglais) parue le 27 avril dans la revue scientifique américaine Ecological Applications, tente de pallier nos lacunes en détaillant le rôle et l’importance de cette composante des forêts urbaines pour l’avifaune (autrement dit pour l’ensemble des oiseaux qui évoluent dans les espaces citadins), à travers l’exemple clé de la métropole du comté de Los Angeles et de son riche couvert végétal. Le même qui abrite toute l’année une grande diversité d’espèces migratrices (pour certaines en déclin) et non migratrices, qui varie en fonction de facteurs socio-économiques.

 

Constats (résumés) de ses auteurs, Eric M. Wood et Sevan Esaian : les communautés aisées de certaines municipalités du comté de LA possèdent un couvert végétal plus important et abritent plus d’arbres et de fait, plus d’oiseaux, que celles à faibles revenus. Autre point : les arbres de rue indigènes (ou locaux) sont tout aussi bénéfiques pour les volatiles que certains arbres de rue non-indigènes (les plus couramment observés) bien que d’autres études mentionnées soient plus partagées sur ce volet. Les chênes (indigènes et non-indigènes), berceaux de nombreux insectes, sont notamment une précieuse ressource alimentaire mais également un habitat de choix pour les oiseaux. Tout comme un sycomore de Californie (indigène), un orme, des frênes (tous deux non-indigènes). L’étude met d’ailleurs en garde contre les menaces actuelles (scarabées…) et potentielles (surexploitation…) qui pèsent sur ces essences. On y lit aussi que la paruline à croupion jaune et le roitelet à couronne rubis chez les migrateurs ainsi que la mésange buissonnière et le roselin familier chez les oiseaux présents à longueur d’année, ont été le plus souvent rencontrés au cours de l’étude.

Mobiliser les municipalités

Au regard de ces conclusions, Eric M. Wood et Sevan Esaian suggèrent en priorité de poursuivre les plantations d’arbres, leur promotion et leur entretien notamment dans les zones les moins dotées et généralement les plus pauvres du comté de Los Angeles. Ils suggèrent aussi aux municipalités de lancer un inventaire détaillé des arbres de rues ainsi que des études supplémentaires pour améliorer la gestion de la biodiversité urbaine tout en tâchant d’établir quelles sont les espèces les plus avantageuses aux oiseaux à partir de critères alimentaires mais aussi climatiques.

 

Une étude toutefois difficile à transposer à la France, souligne Maxime Zucca, directeur de la protection de la nature à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), «puisqu’elle concerne les arbres d’alignement de Los Angeles, qui sont des espèces différentes de celles des villes françaises et qui accueillent des oiseaux différents. Elle pointe cependant l’importance qu’il y a à tenir compte du potentiel d’accueil d’oiseaux en ville lors du choix des essences d’arbres que l’on plante et à favoriser des espèces locales. Les alignements de ginkgo biloba ont des vertus esthétiques mais très peu d’intérêt pour la faune, par exemple. Au contraire, on ne plante que très peu de chênes en arbres d’alignement, car leur croissance est lente, mais ils auraient probablement de nombreuses vertus pour la faune». Les arbres servent de lieu de nidification et d’alimentation mais également de corridors de déplacement pour les oiseaux, parfois aussi pour les écureuils. «De plus en plus de villes réfléchissent à l’accueil de la biodiversité lors de leurs stratégies de plantations, mais il est bon de le rappeler à l’heure où la stratégie biodiversité de l’Europe invite les Etats membres à planter 3 milliards d’arbres», souligne notre interlocuteur.

 

Plus de 20 000 nouveaux arbres plantés à Paris depuis 2014

 

A Paris d’ailleurs, «20 000 arbres ont été plantés durant ces six dernières années, ainsi que 100 hectares d’espaces verts» (agriculture urbaine comprise), s’enthousiasmait auprès de Libération le 23 juin dernier Célia Blauel, adjointe chargée de l’environnement et du développement durable à la mairie, qui a fait du débétonnage son cheval de bataille. Projets de chantiers futurs : la création de forêts urbaines derrière l’Opéra Garnier, sur le parvis de l’hôtel de ville et de la gare de Lyon, ainsi que sur les berges de Seine. Même si l’élue le concevait : «C’est encore compliqué à Paris, notamment d’un point de vue patrimonial avec les architectes des Bâtiments de France qui refusent de planter à certains endroits.»