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L'œil du Parisien :article de Christophe Bérard

Nous vous présentons le remarquable article de  paru dans Le Parisien de Christophe Bérard

Coupe de France : fière, cosmopolite, sans le sou... l’équipe féminine d’Yzeure défie celle du PSG en finale  

Sans moyens et avec un effectif reconstruit presque chaque saison, le petit club d’Yzeure, finaliste de la Coupe de France face au PSG, détonne par son système D et son manque de reconnaissance locale.

Juste un petit bémol Christophe Bérard ,le FFYzeure joue ses matchs au stade

de Bellevue de capacité 2000 places dont JM Aulas,qui est venu plusieurs fois à

Yzeure avec son équipe féminine, a vanté la qualité de la pelouse à la télévision lors d'une finale de

d'une finale de Coupe d'Europe( stade  réalisée il y  a plusieurs années :guy chambefort

ancien député maire )

 

L'équipe féminine d'Yzeure dispute la finale de la Coupe de France face au PSG ce dimanche à Dijon mais la ville, malgré une campagne de publicité, aide peu son club féminin. LP/Christophe Bérard
L'équipe féminine d'Yzeure dispute la finale de la Coupe de France face au PSG ce dimanche à Dijon mais la ville, malgré une campagne de publicité, aide peu son club féminin. LP/Christophe Bérard
Le 15 mai 2022 à 08h00

C’est une histoire comme seule la Coupe de France en regorge. Celle qu’on ne se lasse jamais de lire ou d’écrire. On y parle de pauvres et de riches, d’espoirs insensés ou d’épopées. C’est vieux et beau comme le foot. Et désormais elle se décline également au féminin. Car pour une fois, le terme de conte de fées est du bon genre.

Face aux stars du PSG en finale de la Coupe de France, ce dimanche à Dijon, s’avanceront les pensionnaires d’Yzeure (Allier). Elles évoluent en D2. Mais en foot féminin, une division d’écart c’est au-delà du gouffre. Il suffit d’assister à un entraînement des Yzeuriennes pour s’en convaincre. On n’est pas dans le football d’en bas mais carrément dans celui d’en dessous.Les filles s’entraînent au stade Bellecombe qui porte bien mal ses deux premières syllabes. Le vestiaire est minuscule avec des toilettes à la turque et des murs sales. En fait, tout est petit, tellement petit. On s’attend presque à y voir surgir Patrick Dewaere dans une scène de « Coup de tête », le Guy Roux des années 1970 ou Michel Platini sous le maillot de Nancy.

Des conditions de travail « indignes »

Au stade Bellecombe, le temps semble figé dans le noir et blanc. Comme un musée décrépit où il faut pourtant bien préparer le présent. « Et encore, sourit Dominique Darnet, le président du club. Une faïence a été posée dans les douches il y a deux semaines. Sinon, cela faisait des années qu’il n’y avait pas eu un coup de peinture. » Sur le parking, à peine une dizaine de voitures sont garées, dont celles des dirigeants et des bénévoles. La majorité des joueuses vient s’entraîner cinq fois par semaine à vélo. Été comme hiver.

Celle qui dirige tout le monde s’appelle Ophélie Melleroux. Elle serait un homme, elle serait une star avec ses 67 sélections en Équipe de France et sa demi-finale de Coupe du monde disputée en 2011. Ici, elle s’est longtemps occupée bénévolement de tout, sauvant, avec sa casquette de présidente déléguée, le club de la faillite pendant la crise sanitaire. Et acceptant de prendre, en plus, les rênes de l’équipe en février dernier. « Chez nous, les filles savent que les conditions de travail sont indignes mais elles soudent aussi un groupe, reconnaît-elle. Le confort, ce n’est pas à Yzeure qu’on le trouvera. »

L'équipe féminine d'Yzeure dispute la finale de la Coupe de France face au PSG ce dimanche à Dijon
L'équipe féminine d'Yzeure dispute la finale de la Coupe de France face au PSG ce dimanche à Dijon LP/Christophe Bérard

190 000 euros de subvention aux hommes, 30 000 aux filles

Le long de la main courante, Dominique Darnet a du mal à masquer son admiration devant les performances et le mental de ses filles. D’ailleurs, il n’a pas grand-chose d’autre à leur offrir. Le budget annuel ? 270 000 euros. Même pas ce que coûte au PSG son plus gros salaire, Kadidiatou Diani.

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La mairie d’Yzeure ne fait pas grand-chose pour aider. Quand elle verse 190 000 euros aux hommes évoluant en N2, elle n’en lâche que… 30 000 pour les filles.

Et quant aux salaires, mieux vaut en sourire : seuls trois demi-contrats fédéraux touchent royalement 585 euros net mensuels. Seynabou Mbengué, la buteuse sénégalaise de l’équipe et autrice d’un doublé contre Nantes en demi-finale (2-1), fait partie du lot. Elle double ce modeste pécule en travaillant chez McDonald afin notamment de payer son loyer de 400 euros.

Autour d’elle, l’équipe ressemble à une auberge espagnole. Beaucoup de nationalités s’y côtoient : des Camerounaises, une Israélienne, une Togolaise, une Canadienne, une Haïtienne, une Portugaise et quelques Françaises. Pas un choix mais une obligation de survie.

Autant de l’insertion que du foot

Yzeure, c’est le mythe de Sisyphe version football. Dans la mythologie grecque, le condamné devait éternellement rouler un gros rocher au sommet d’une montagne, avant qu’il ne dévale ensuite la pente. À Yzeure, le supplice est différent. Presque chaque année, il faut reconstruire l’effectif. « L’an dernier, on a dû recruter douze nouvelles joueuses, explique Ophélie Meilleroux. C’est extrêmement usant de ne pas bâtir sur la durée. »

Yzeure n’offre pas d’argent mais une visibilité à nombre de filles étrangères débarquant dans l’Allier dans l’espoir de se faire remarquer par un club de D1. « C’est le jeu, note Dominique Darnet. On fait marcher notre réseau dans le monde entier. Mais le deal est clair : si vous venez, vous travaillez à côté ». Et ensuite on essaie de dégoter des emplois à tout le monde afin que les filles obtiennent leur titre de séjour. C’est autant de l’insertion que du foot. »

 

La tête de gondole de ce cosmopolitisme en crampons s’appelle Christine Manie. À 38 ans, la Camerounaise est la capitaine de l’équipe depuis près de deux ans. Dans son pays, elle est une star avec notamment deux participations à la Coupe du monde, une aux JO et six à la Coupe d’Afrique.

 

Elle sourit tout le temps et refuse de se plaindre. « Bien sûr que le vestiaire est tout petit, bien sûr que tout le monde a plus d’argent que nous, avoue-t-elle. Mais cette absence de confort nous oblige justement à nous surpasser. J’ai encore dit une chose aux filles avant de rencontrer le PSG : Puisqu’on a n’a rien, on va montrer qui nous sommes. On vient de trop loin pour avoir peur et ne plus avoir faim. Cette finale, on va vraiment essayer de la gagner. Parce que nous sommes fières ! »