A la saison de la folle profusion herbeuse, émergent des épis largueurs de pollens à foison, la strate arborée, couverte de feuilles neuves aux verts francs.

C’est le plus beau costume de ce décor faussement baltique. La luxuriance vous y accueille et vous enivre du parfum suave et généreux des robiniers. Les rives allongées du Danube pourraient vous mener infiniment plus loin, vers l’est et la campagne, comme le prévoit un emplacement réservé identifié dans la vision futuriste du plan local d’urbanisme. On ne s’en lasserait pas. Cela se concrétisera un jour, pour la sanctuarisation de ce corridor écologique à préserver pour la vie naturelle et ses droits indéfectibles sur l’urbanisation. Cet équilibre est encore raisonné et respectueux dans sa programmation rayonnant depuis le centre. En observant une telle logique, on dispose par avance, de mesures compatibles avec le fameux zéro artificialisation nette dont chacun parle pour l’avenir. Mieux à valu ici et même s’il reste encore à faire, déjà avoir pris des mesures avant, dans la stratégie de préservation des espaces naturels.

Revenons aux Rives du Danube, concrétisation évidente des principes énoncés ci avant.

Le promeneur est en droit de s’étonner, dans la partie Ouest du parc( la plus proche de la rue Bergeron Vebret), de découvrir plusieurs arbres aux troncs multiples depuis la base. Si c’est un phénomène naturel chez le noisetier, ce n’est pas un caractère recherché sur les érables ou sur les hêtres, alors qu’on en constate ici l’existence. Ce port particulier reste connu en forêt par exemple, où les repousses après abattage de certains sujets forment ensuite ce que l’on appelle une cépée, d’abord avec plusieurs brins et ensuite avec plusieurs troncs donc la sélection est naturelle et s’opère au fil du temps.

Grands observateurs de la nature, les pépiniéristes avaient observé ce phénomène naturel depuis bien longtemps et l’avaient utilisé comme technique de multiplication végétative d’un sujet aux caractères à propager fidèlement sur sa descendance.

Voici en résumé comment on s’y prenait:

Après avoir rabattu le sujet mère au ras du sol, on laissait sa souche emettte des rejets, que l’on buttait de terre fraîche, de façon à ce que les jeunes pousses y émettent des racines. Ceci constaté on recoupait sur le niveau de la souche, chaque nouvelle pousse racinée au dessus et sur la base de sa tige neuve constituant un jeune plant à élever en pépinière, portant les caractères génétiques absolument identiques à ceux de la plante mère. Cette technique, décrite ici pour une utilisation artisanale, est de nos jours encore utilisée, mécanisée à grande échelle, pour produire des porte greffe fruitiers.

Voilà donc un secret du Danube, qui explique la présence d’arbres aux tronc multiples, qui ne sont que le résultat obtenu après l’abandon de leur exploitation en marcottiere, tel est le nom de cette culture d’autrefois, on produisait des marcottes (nouveaux plants) à la pépinière du Danube avant qu’aujourd’hui, le parc ne devienne le conservateur du secret…

Note: l’une des photos présente une plante au feuillage découpé. Qui pourrait croire que ce soit un noisetier, ce n’est pas la forme qu’on lui connaît habituellement. C’est typiquement une variété particulière qui a été propagée par marcotte et dont la souche encore actuelle mérite la plus grande attention.