YZEURE
Conseil municipal du jeudi 4 novembre 2021
Intervention de Mme Maria Barreto
Présidente du Groupe « Unis pour Yzeure »
Monsieur le Maire,
Mesdames et messieurs les adjoints,
Mesdames et messieurs les conseillers municipaux,
18 mois après le début de ce mandat qui doit nous conduire jusqu’en
2026, force est de constater que notre ville d’Yzeure, semble
« encalminée » faute de souffle, comme diraient les marins, en panne
faute d’ambition.
Cette étrange léthargie nous inquiète et pose question car le temps passe
et les problèmes demeurent, voire s’aggravent. J’en évoquerai quelques uns
qui sont révélateurs de cet état de fait.
Les pistes cyclables ou chaucidou sont l’un de ceux-ci.
Suite au questionnaire mise à disposition des habitants, il est décidé de
repeindre en blanc les pictogrammes car peu visible en vert.
Questionnaire qui n'a obtenu que 59 réponses. Cela en dit long sur ce
projet censé faciliter la mobilité et la cohabitation entre les différents
usagers de la route. Nous voudrions savoir ce qu’il en est de son coût
réel : coût du marquage par les agents municipaux et/ou une entreprise
spécialisée.
La ville s'associe aussi pleinement avec la communauté d'agglomération
sur la réalisation du schéma cyclable et du plan de mobilité. Quand
aurons-nous un retour sur ce projet ?
Si la circulation urbaine est un sujet de préoccupation, ce n’est pas le seul.
Il nous conduit naturellement à la question de l’aménagement urbain.
A commencer par l’aménagement du centre-ville.
Voilà bien un sujet récurrent - un véritable serpent de mer devrais-je dire
- dont la municipalité aurait dû s’emparer depuis bien longtemps. Nos
prédécesseurs de l’opposition de Droite avaient déjà formulé cette
demande lors de la précédente mandature. Il a fallu que cela soit réclamé
par tous les groupes de l’opposition municipale avant de trouver quelque
écho et que vous le mettiez vous-même dans votre programme sous
cette mandature.
Il aura aussi fallu que le Département de l'Allier impulse cette démarche
dans le cadre de son dispositif de reconquête des centres villes et centres
bourgs pour arriver à lancer une étude en lien avec la communauté
d'agglomération.
Nous espérons vivement être pleinement associé à cette démarche à
l’impact fort pour notre ville.
Mais il n’y a pas que l’aménagement du centre-ville qui pose question en
raison du manque de projet véritablement concerté.
Parmi les rares projets en cours, la ZAC de Sainte Catherine dont nous
n’avons certainement pas fini d’entendre parler.
Là encore mes prédécesseurs de l’opposition de Droite avaient émis des
réserves toujours d’actualité.
- Pourquoi réaliser un tel projet immobilier si éloigné du centre-ville
alors qu’il y avait d’autres terrains plus proches ?
- Pourquoi un projet immobilier éloigné de nos écoles ?
- Comment dans ces conditions allons-nous pouvoir attirer une
population plus jeune, familiale ?
- Comment espérer pouvoir faire venir d’autres commerces viables à
proximité d’un centre commercial déjà existant ?
Alors que dans le même temps le petit commerce en centre-ville meurt
lentement…
Avec le départ d’Aldi, que comptez-vous faire pour que le commerce de
proximité qui historiquement structurait le centre-ville ait une chance de
reprendre vie ?
Ce que j’appellerai « Le syndrome du trou noir » nous guette si nous ne
réussissons pas à retrouver un coeur de ville battant et attractif.
Il suffit d’être à l’écoute des habitants pour savoir, pour sentir à quel
point cela manque cruellement.
A cela s’ajoute une considération plus générale mais qu’il ne faut pas
ignorer, l’entretien générale de la ville qui se dégrade.
C’est déjà beaucoup me semble-t-il, pourtant nous n’avons pas encore
fait le tour des sujets d’inquiétudes.
Autre dossier sur lequel il me paraît essentiel de faire la lumière, si je puis
dire, c’est précisément celui de l’éclairage public.
C’est un sujet majeur qui se trouve à la croisée de multiples enjeux aussi
bien économiques que technologiques, sociaux et environnementaux.
C’est un vrai enjeu politique au sens noble du terme.
S’il y a bien une chose qui est sûr, c’est que l’excès de lumière est contreproductif.
La Cour des Comptes elle-même, dans son rapport annuel 2021, confirme
que la gestion de l’éclairage public est à optimiser.
S’appuyant sur une enquête régionale réalisée en Auvergne-Rhône-Alpes,
dans notre Région, auprès d’un échantillon de 12 collectivités
territoriales, la Cour juge que cette compétence est - je cite- exercée de
manière dispersée et sans vision de long terme, aux dépens des enjeux
économiques et environnementaux que cela représente.
Voilà qui est édifiant et doit nous alerter.
Quel pourcentage de notre parc d’éclairage public a-t-il été changé ?
Pourquoi tout éteindre alors que notre parc est soi-disant équipé en
LEDs ?
Qu’en est-il exactement du bilan de situation de l’éclairage public
Yzeurien, car les enjeux sont d’envergure.
D’autant que, dans les années à venir, plusieurs réglementations
françaises et européennes vont nous impacter, impliquant la rénovation
des installations obsolètes et énergivores. Les pôles urbains, tel
qu’Yzeure, seront les premiers concernés par ces obligations.
Si la population n’est pas favorable à l’extinction des lumières c’est que
l’éclairage public est un enjeu central de sécurité publique qui s’étend aux
mobilités douces (cyclistes, trottinettes, piétons). Selon certains, il
favorise même le lien social dans un quartier.
En outre, l’éclairage public influence directement l’attractivité et joue un
rôle essentiel pour une collectivité qui ambitionne de devenir une « ville
verte ».
Ce que cela veut dire ? Que la vraie question à se poser est avant tout,
celle de la nécessité de l’éclairage public.
Que le mieux serait d’en parler avec les habitants. En effet cela vient
souligner que la question de l’éclairage public est un sujet important de la
participation citoyenne.
Promise par le groupe majoritaire durant sa campagne, celle-ci restera telle
lettre morte. A l’image de l’installation d’une antenne de téléphonie
mobile qui s’est faite contre la volonté des habitants du quartier
concerné.
On est en droit de se demander s’il en ira de même avec l’éclairage
public.
Quels moyens seront-ils mis en oeuvre pour être à l’écoute des
préoccupations et des suggestions d’intérêt général ?
La majorité a donc si peu d’idées à défaut d’avoir de l’ambition pour
Yzeure ?
Et bien la réponse est oui, même si l’on essaye de tourner le regard
ailleurs, vers le monde sportif par exemple avec la situation du club de
foot féminin d’Yzeure qui fait l’objet d’un traitement discriminatoire.
Yzeure a la chance de posséder depuis plus de 20 ans un club féminin de
foot de haut niveau, c’est dire si la ville a été précurseur en ce domaine.
Je tiens à rappeler que le club a joué en première division au côté de
l’élite nationale et s’est classé un temps dans le top 5.
Qu’en est-il désormais ?
Le club compte de nombreux atouts et il évolue aujourd’hui en deuxième
division nationale. Mais au-delà de cet état de fait, il est victime d’une
inégalité de traitement injustifiable en comparaison avec son homologue
masculin.
Ce dernier qui a fusionné avec Moulins reçoit 190 000 euros de la ville
d’Yzeure d’une part et 160 000 euros de Moulins d’autre part, alors que
les féminines ne perçoivent en tout et pour tout que 30 000 euros de la
part d’Yzeure !
Pour faire bonne mesure, il faut encore préciser que le club masculin joue
en division 4, c’est-à-dire bien en dessous du niveau des filles qui
évoluent en deuxième division.
Quelle est la logique ?
Où sont la justice et l’égalité des chances ?
Où est la parité ?
Là encore Yzeure est au mieux à la traîne, au pire, à côté de la plaque.
Comment en est-on arrivé là ? Etes-vous coupé à ce point de la réalité ?
Souvenons-nous que pas plus tard que l’année dernière, en 2020, la
Coupe du Monde de foot féminin organisée en France a marqué un
tournant avec un succès populaire et médiatique inédit. Malgré la défaite
face aux USA futur vainqueur de la compétition, notre équipe nationale a
conquis les cœurs.
Regardons aussi plus loin devant nous. Dans moins de 3 ans maintenant,
en 2024, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris seront les
premiers à atteindre la parité totale. Ce sera une première historique. On
sera passé de 22 femmes aux précédents J.O. de Paris de 1900 à 5250
femmes en 2024 !
C’est là me semble t-il le sens de l’Histoire et ce n’est pas la direction que
prend notre ville.
J’ai pu le constater lors de l’assemblée générale du club le 18 octobre
dernier. Notre équipe féminine pourtant riche d’un beau parcours n’a pas
la considération ni la visibilité qu’elle mérite. L’inégalité de traitement est
flagrante, la parité absente alors que le sport féminin – et tout
particulièrement le foot – ont le vent en poupe.
Quel manque d’ambition pour la ville et pour notre jeunesse !
Alors que développer un club Elite de foot féminin sur l’agglomération
pourrait être un atout de choix pour la visibilité et l’attractivité, pour
contribuer à faire rayonner notre territoire.
Ce pourrait être une « vitrine » pour Yzeure qui est, il faut le rappeler, car
beaucoup semble l’avoir oublié, la 4ème ville du Département.
Bien sûr Yzeure n’est pas seule parce qu’elle est en relation avec les
autres collectivités, imbriquée dans un délicat mille-feuilles territorial
avec lequel nous devons composer.
Mais là encore des questions se posent.
Des interrogations qui sont peut-être imputables à une certaine naïveté
de la part de la nouvelle élue que je suis et que je tiens à soumettre à
votre sagacité.
Nouvelle élue à la Communauté d’agglomération, j’ai pu constater
qu’Yzeure compte pas moins de 13 représentants à la Communauté
d’agglomération, dont 2 vice-présidents, 4 conseillers délégués dont moimême
et encore 7 autres conseillers communautaires, dont vous-même
Monsieur le Maire.
Dans ces conditions, vu les postes obtenus par le groupe majoritaire pour
cette mandature, comment se fait-il que notre ville ne tire pas mieux son
épingle du jeu ?
Pour l’heure j’ai l’impression déconcertante d’être comme Anne dans le
conte de Perrault : « Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
Rien ne vient en effet, car on ne voit pas grand-chose de sérieux de fait
pour la ville. Mais il est vrai, monsieur le maire, que vous n’êtes conseiller
communautaire que depuis 20 ans.
Inquiétudes(s) donc, au singulier comme au pluriel car nous nous
demandons où va le navire Yzeurien ?
Tout cela suscite des interrogations sans véritable réponse parce qu’il n’y
a pas d’information sérieuse ni sur le bilan de ce qui est en cours ni sur ce
qui serait envisagé pour la suite.
Au-delà des apparences, l’opposition n’est pas vraiment associée au
travail.
Et cela se traduit au plan budgétaire. Notre dette qui s’élevait fin 2020 à
12 millions d’euros positionne Yzeure à un niveau inférieur à celui
d’autres communes de la même strate démographique. La ville dispose,
sauf erreur de ma part, d’une capacité à emprunter pour investir à
hauteur de 7,2 millions d’euros sur ce mandat.
Alors que les taux d’intérêt sont bas, nous ne voyons aujourd’hui
apparaître aucun projet structurant pour Yzeure.
Désormais, moins d’un tiers de ce mandat est écoulé et déjà
l’essoufflement est palpable.
C’est la raison de notre questionnement alors que la situation exige des
réponses vraies, fortes.
Nous attendons, les Yzeuriens attendent, non seulement des réponses
mais, plus que cela, une direction qui donne du sens.
Ce n’est pas le cas.
Je crois pour ma part que c’est là, la responsabilité des politiques. Mais
peut-être me suis-je-trompée ?
Je vous remercie de votre attention.