A Yzeure, il y avait au moins une certitude à l’orée des municipales 2014. La commune, quel que soit le résultat des élections, aurait un nouveau maire à sa tête. En effet, cela faisait déjà plusieurs mois que Guy Chambefort (PS) avait confirmé son intention de ne pas rempiler pour un cinquième mandat.
Parole tenue. Sans suspense, le premier magistrat sortant avait passé le témoin au plus fidèle lieutenant de sa garde rapprochée : Pascal Perrin (PS), tout à la fois son dauphin et son 1er adjoint depuis six ans.
Que s'était-il passé à Moulins lors des élections municipales 2014 ?
Pascal Perrin héritier du PS et favori des élections
Conseiller municipal de la majorité depuis 1995, adjoint depuis 2001, Perrin s’était donc lancé dans la course des municipales avec le dossard de grand favori. Fort de sa connaissance indiscutable des rouages de la mairie et de sa maîtrise des dossiers structurants. Mais également confortablement adossé au solide héritage socialiste yzeurien. Celui légué par Jean-Paul Desgranges (PS) qui avait fait basculer la municipalité à gauche en 1977. Et celui de Guy Chambefort, indéboulonnable maire depuis 1989, champion de tous les scrutins suivants (1995, 2001, 2008) et principal artisan du développement spectaculaire de sa commune tout au long de vingt-cinq années de gestion.
Conseiller municipal depuis 1995, adjoint depuis 2001, premier adjoint depuis 2008, Pascal Perrin était parti favori avec l'investiture du PS
Le PCF rompt l'alliance avec le PS
Dans ce contexte politique plutôt douillet et linéaire, autant dire que c’est un boulevard qui semblait s’ouvrir devant le candidat Perrin. Pourtant, coup de théâtre et coup de tonnerre dans le ciel yzeurien. Alors que la « ville à vivre » cheminait depuis 37 ans sur des mandatures d’union de la gauche, ce rassemblement historique avait subitement volé en éclats. Pour la première fois depuis 1977, les communistes yzeuriens, contre toute attente, décidaient de rompre la vieille tradition de l’alliance avec les socialistes.
Jacques Cabanne (à gauche) avait rompu l'alliance avec le PS en menant une liste Front de gauche
L’adjoint au maire chargé du personnel municipal, Jacques Cabanne (PCF), prenait la tête d’une liste autonome étiquetée Front de gauche, en justifiant les raisons de cette rupture avec le PS par deux griefs essentiels. Le premier : un « désaccord profond » avec la politique menée au niveau national par le président de la République, François Hollande. Le second reproche, plus local : un ras-le-bol quant à « la trop grande importance » prise par le foot à Yzeure, notamment via le nombre d’emplois municipaux fournis au club, l’ASY.
Une ouverture pour la droite
Dans une situation de fin de règne de Chambefort, de désunion de la gauche au niveau local et de désaveu de l’électorat envers le PS au niveau national, la droite avait flairé le bon coup à jouer. Associé à Bernard Euzet et à Odile Laîné, Michel Samzun, son chef de file, était parti au charbon avec la conviction d’une « victoire possible ». Samzun avait notamment ciblé ses critiques sur « la gestion financière chambeforienne », en dénonçant, entre autres, une « explosion de la masse salariale de la Ville ».
Michel Samzun (au centre) portait les couleurs de la droite avec Bernard Euzet et Odile Lainé
Premier et second tours à trois
Le 23 mars 2014, à l’issue d’une campagne plutôt âpre opposant les trois listes, les bons scores de la droite (29,3 %) et du Front de gauche (29 %) avaient privé Pascal Perrin d’une victoire au premier tour, comme c’était la coutume à Yzeure.
23 mars 2014, le premier tour
Mais pas de quoi franchement inquiéter le candidat socialiste. Conforté par sa première place (41,8 %) et par sa victoire dans la totalité des douze bureaux de vote de la commune, Perrin repartait idéalement placé -malgré le maintien de la liste Front de gauche- pour s’imposer dans la triangulaire du second tour.
Pascal Perrin, entouré par une partie du conseil municipal, lors de la séance d'installation
Un second tour qui confirmait le premier, en plaçant les trois listes dans le même ordre que le dimanche précédent. Pascal Perrin gagnait ainsi le droit d’inscrire son nom dans l’histoire du PS à Yzeure. Et de faire perdurer sans rupture la puissante mainmise socialiste sur la commune.
Antoine Delacou