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Victor Hugo l'universel

La tribune française ! Il faudrait un livre pour dire ce que contient ce mot . La tribune française ,c'est, depuis soixante ans ,la bouche ouverte de l'esprit humain . De l'esprit humain disant tout, combinant tout, fécondant tout, le bien ,le mal ,le vrai ,le faux, le juste, l'injuste, le haut, le bas, l'horrible, le beau, le rêve, la passion, la raison ,l'amour, la haine, la matière, l 'idéal; mais en somme car  c'est là son travail sublime et éternel, faisant  la nuit pour en tirer le jour , faisant le chaos pour en tirer la vie ,faisant la révolution pour en tirer la République.

 Lamartine le lyrique

Oui, il faut le dire, quand les fautes du gouvernement, quand les déviations deviennent un système, l'opposition doit devenir un parti .

Briand l'Européen

A l'heure la plus terrible, la plus angoissante, celle de Verdun, l'homme qui avait sur les épaules les responsabilités du pouvoir était celui qui parle aujourd'hui à la tribune .Cet homme a fait face aux évènements. Nous étions en guerre,il fallait triompher ; il a vu à cette époque des choses tellement effroyables, l'abominable boucherie l'a rempli d'une telle horreur qu'il s'est juré dans sa conscience que si jamais ,la victoire remportée, le hasard des circonstances l'appelait  encore au pouvoir, tout son cœur, tout son esprit, tout son être se donneraient à la cause de la paix pour empêcher le renouvellement de pareilles atrocités ;

Prix Nobel de la Paix en 1920

Jaurès l'humaniste

Ainsi toute notre histoire proteste contre je ne sais quelle tentation de substituer les compromis incertains et tâtonnants du schisme à la marche délibérée vers la pleine lumière, la peine science et l'entière raison.

Clémenceau le combattant

Eh bien, puisqu'il faut vous le dire,ces discussions qui vous étonnent, C'est notre honneur à tous. Elles prouvent surtout à défendre les idées que nous croyons justes et fécondes .Ces discussions ont leurs inconvénients ,le silence en a davantage .

Oui, gloire aux pays où l'on parle ,honte aux pays où l'on se tait.

Edgar Faure l'optimiste

Le mouvement de la vie ne va pas vers l'immobile

 

Guy Chambefort

Didier Raoult

 Article publié par Libération :Paris et Berlin cultivent leurs différences jusque dans l’organisation de la controverse scientifique. Les polémiques en France autour de la personnalité du professeur Raoult contrastent avec la convergence outre-Rhin entre l’Etat et les experts.

Tribune. La comparaison entre la France et l’Allemagne sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 tourne à l’avantage de l’outre Rhin : davantage de tests de dépistage et de lits de réanimation, moins de morts dans les hôpitaux et les maisons de retraite. Alors que le président de la République française a déclaré «nous sommes en guerre» le 12 mars, son homologue allemand a refusé le langage militaire et offert un bel exemple de solidarité en accueillant les patients alsaciens dans des hôpitaux allemands. On ne saurait cependant expliquer cette différence de gestion du Covid par des caractères culturels intemporels, la discipline allemande contre la bravacherie française, mais plutôt par des variations dans l’organisation du débat dans l’espace public de chaque côté du Rhin.

 

 

 

 

Le contraste entre la France et l’Allemagne s’éclaire en effet à partir de la relation entre l’Etat, les experts et la société civile dans les deux pays. Alors que les institutions de recherche françaises ont peu soutenu les travaux scientifiques de spécialistes des coronavirus, comme Bruno Canard ou Hubert Laude, le débat public tourne autour de la figure controversée de Didier Raoult, connu pour ses travaux sur les virus complexes à l’Institut hospitalo-universitaire à Marseille et ses expérimentations sur le traitement du paludisme par l’hydroxychloroquine au Sénégal. Lorsque Didier Raoult annonce le 25 février sur la base de publications chinoises, que l’hydroxychloroquine permet de soigner le Covid-19 et que cette nouvelle maladie est sans gravité, il suscite de la curiosité et de l’espoir. Lorsqu’il annonce le 16 mars dans une vidéo sur Youtube que quelques patients traités à Marseille avec de l’hydroxychloroquine ont vu leur charge virale en Sars-CoV2 diminuer, il oppose son intuition aux longues méthodologies des procédures d’étude clinique.

 

Réputation sulfureuse

 

Outre-Rhin, la situation est tout à fait différente. Le virologue allemand Christian Drosten est devenu une référence en son pays. Directeur du département de virologie de l’hôpital universitaire de la Charité à Berlin, après avoir longtemps dirigé l’Institut de virologie de Bonn, Drosten fut un des co-découvreurs du coronavirus du Sras en 2003, alors qu’il n’avait que 31 ans, et a conçu le premier test de diagnostic du Sras, qu’il a mis à disposition du public. Il a depuis constitué une équipe de virologues qui collectent des échantillons de chauve-souris pour suivre les mutations globales des coronavirus, en lien avec des associations d’amateurs de chiroptères. Ses podcasts sur les différents aspects de la pandémie de Covid-19 sont parmi les plus écoutés en Allemagne, et il conseille le ministre de la Santé, Jens Spahn, au Bundestag.

 

Le contraste entre Drosten et Raoult inverse la rivalité entre Robert Koch et Louis Pasteur à la fin du XIXe siècle. Koch était médecin dans une petite ville de la région de Hanovre lorsqu’il démontra le mode de transmission de l’anthrax par des spores en 1876. Cette découverte stimula Pasteur dans la mise au point de la vaccination contre l’anthrax. Koch avait une réputation aussi sulfureuse que celle de Raoult aujourd’hui, car il a divorcé pour partir en Orient avec sa jeune épouse à la poursuite du choléra, alors que Pasteur est mort sacralisé à la fois par la République et par l’Eglise pour ses travaux sur la rage.

 

Cette brève histoire de la virologie pourrait réduire la recherche scientifique à des querelles entre hommes dominants pour imposer la science au reste du monde. Mais le contraste entre Raoult et Drosten des deux côtés du Rhin oppose plutôt deux façons de prendre la parole en public : l’arrogance du savant qui parle plus fort que les autres et l’humilité de celui qui reconnaît ses limites. Ce sont deux formes alternatives du travail critique dans l’espace public, tel que l’a théorisé le philosophe allemand Jürgen Habermas : la mise en relation des personnes privées pour discuter de questions d’intérêt commun.

 

Usage de la raison

 

Selon Habermas, qui a publié en 1960 sa thèse de philosophie sur le concept d’espace public, les institutions démocratiques favorisent une participation de tous les citoyens à la rationalité développée par l’activité scientifique. La critique philosophique consiste selon lui à décrire et limiter les obstacles à cette participation, de façon à passer de la «minorité» à la «majorité» dans l’usage de la raison. Lorsque le philosophe allemand souligne dans un entretien publié le 10 avril dans le Monde que la pandémie oblige à «agir dans le savoir explicite de notre non-savoir», il pense sans doute au virologue Christian Drosten.

 

Le sociologue Dominique Linhardt, qui a comparé les formes de l’espace public et de l’état d’urgence en Allemagne et en France, écrit dans le Carnet de l’EHESS : «L’originalité de la controverse à propos du traitement promu par Didier Raoult pour combattre l’épidémie de Covid-19 réside dans le fait qu’il est trop tard pour attendre que la découverte soit justifiée. L’urgence conduit alors à la politisation de la décision de se fier ou non aux intuitions du savant marseillais et de ses équipes.»

 

L’analogie entre Drosten et Raoult comme deux stars médiatiques en France et en Allemagne fait ainsi réfléchir aux formes qu’a pris l’idéal des Lumières des deux côtés du Rhin. Comme l’a montré l’historien Antoine Lilti, cet idéal républicain entre en tension avec les formes de la célébrité, car celles-ci introduisent des logiques de domination spécifiquement modernes : des experts scientifiques sur le public supposé ignorant, des hommes sur les femmes, de l’Europe sur le reste du monde.

 

Alors que la centralisation de l’espace public en France fait balancer l’opinion entre les élites parisiennes respectueuses des règles et le savant marseillais qui les transgresse, dans un moment d’urgence marqué par l’extension de l’épidémie et l’absence de traitement, l’espace fédéral allemand permet un débat plus apaisé autour d’une épidémie sous contrôle, dont il faut anticiper avec humilité les développements futurs.

 

Frédéric Keck est l’auteur d’Un monde grippé (Flammarion, 2010) et publiera en avril les Sentinelles des pandémies (éd. Zones sensibles).

 Louis Pasteur (Wikipédia)

Robert Koch (Wikipédia)

 

Guy CHambefort

 

1870 -

La guerre de 1870 est un événement oublié de notre histoire. S’il vient d’être réinscrit au programme des classes de première, il n’était plus enseigné depuis plus de 20 ans. Pourtant, s’intéresser à la guerre de 1870, c’est comprendre les racines des deux conflits mondiaux qui vont se succéder de 1914 à 1945. L’ambition de ce 150ème anniversaire est donc de redonner une juste place à cette guerre oubliée.

Cette commémoration s’enracine fortement dans le présent avec un message simple : 1870/1871 – 2020/2021 : 75 ans 3 guerres, 75 ans de paix. Il met en perspective le rôle essentiel de l’Union européenne dans la pacification de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale.

Cette commémoration mobilisera les sociétés civiles française et allemande par l’intermédiaire des associations, acteurs locaux majeurs. Elle se veut ainsi franco-allemande, témoignage de notre volonté de promouvoir une fraternité entre les peuples et une amitié entre les Nations française et allemande.

GAMBETTA, PÈRE FONDATEUR DE LA IIIE RÉPUBLIQUE

Date de publication : mars 2016
 

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CONTEXTE HISTORIQUE

« Le commis voyageur de la République »

Jeune avocat, Gambetta s’imposa sous le Second Empire comme un des chefs les plus populaires de l’opposition républicaine, jouant en 1869 un rôle déterminant dans l’élaboration du programme de Belleville. Le 4 septembre 1870, il fit proclamer la République aux côtés de Jules Favre et de Jules Ferry. Membre parmi les plus actifs du gouvernement de la Défense nationale, il réussit à quitter en ballon Paris assiégé par l’ennemi, afin d’organiser la résistance. Il ne put empêcher la défaite française et l’élection à Bordeaux d’une assemblée en majorité monarchiste. C’est en sillonnant ensuite les campagnes pour diffuser les idées républicaines – leurs défenseurs à l’Assemblée étaient essentiellement issus des grandes villes – qu’il gagna son surnom de « commis voyageur de la République ». Il vota ainsi les lois constitutionnelles de 1875, repoussant la coalition encore favorable à une restauration monarchique. Ses efforts furent récompensés par la victoire du camp républicain aux élections législatives de 1876 et à celles de 1877, consécutives à la dissolution prononcée par Mac Mahon. Président de la Chambre des députés de 1879 à 1881, Gambetta forma ensuite un éphémère grand ministère d’union républicaine – il ne dura que deux mois. Sa mort brutale en décembre 1882 symbolise la fin de la « République des fondateurs ».

ANALYSE DES IMAGES

Un portrait posthume

Bonnat exécuta ce portrait après la mort de Gambetta, à la demande d’un des admirateurs de l’homme politique, Joseph Reinach, qui le légua aux Musées nationaux en 1921. Il ne s’agit donc pas d’un portrait officiel, mais d’une œuvre où l’artiste a cherché à rendre la vie et le caractère d’une grande figure politique, encore présente dans les mémoires. Gambetta est représenté à mi-corps, les mains dans les poches, très vivant, prêt à haranguer les députés ou à convaincre des électeurs. Bonnat travailla d’après un cliché déjà ancien d’Etienne Carjat – il datait de 1870. Tout ceci explique sans doute pourquoi ce tableau diffère tant des portraits exécutés généralement par lui, beaucoup plus figés, dont l’intérêt se concentre sur la psychologie du modèle et qui, eux aussi, comptent parmi ses œuvres les plus célèbres : Thiers (1877)Victor Hugo (1879) et Le Cardinal Lavigerie (1888), tous trois conservés au musée national du Château de Versailles.

INTERPRÉTATION

Avec la mort prématurée de Gambetta – il n’avait que 44 ans –, la IIIe République perdit le principal artisan de son succès et l’un de ses plus brillants serviteurs. Voulant donner au parti républicain sa plus grande crédibilité auprès des Français, Gambetta avait construit un projet politique rassurant et viable, éloigné des souvenirs de la Terreur et des tentations révolutionnaires. Tout comme Jules Ferry, son ami et rival, son ambition allait au delà des urnes : fille des Lumières, la République devait également s’imposer dans les esprits. D’où son combat à l’encontre du cléricalisme.

Commandé trois ans après ses funérailles nationales, ce portrait participe en quelque sorte de la légende républicaine dans laquelle Gambetta est entré dès sa mort. Le transfert de ses cendres au Panthéon en 1920, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la IIIe République, n’a fait que la renforcer.

 

BAZAINE