1Les premières manifestations de l’Allier rouge conduisent à la constitution du mouvement guesdiste qui se distingua par son radicalisme. Au début du XXe siècle, le socialisme de l’Allier se consolida par le biais des réseaux de sociabilité et des sociétés coopératives. Le socialisme s’étendit dans quelques cantons du nord-ouest du département, avec l’apparition de nouveaux acteurs, le propagandiste politique et le militant syndical qui contribuèrent à favoriser son identification aux luttes ouvrières et paysannes. Comptait 12 % des effectifs de la SFIO au début du XXe siècle, l’Allier apparaissent comme une des zones de force du parti socialiste, avec la Haute-Vienne. Ainsi, le mythe de l’Allier « rouge » s’installait.
2En 1920, le secteur rouge du département de l’Allier offrait un terrain susceptible de permettre l’application du communisme. La tradition révolutionnaire, l’apprentissage des syndicats de 1905 à 1911, la dépopulation depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, et les sacrifices imposés par la Grande Guerre avaient donné aux petits paysans la passion de la réforme de la société. Les nouvelles de la révolution soviétique leur prouvaient que les « petits » pouvaient vaincre les « gros ».
3À la naissance de la Fédération communiste de l’Allier en 1921, le communisme sembla évoluer sans difficulté dans le département. En effet, deux tiers des adhérents socialistes soutinrent la SFIC. Les militants communistes estimaient être dans la bonne voie, en créant de nouvelles solidarités. Mais les interventions de la direction du Parti contre Pierre Brizon et l’association de la Ligue des Droits de l’Homme, les exclusions en série déprimaient souvent les militants locaux. La récusation de deux candidats au moment des élections législatives de 1924 heurta aussi le sentiment des militants de base. Enfin, la réorganisation en régions poussa dans l’ombre le communisme départemental. Le nombre des adhérents baissa de deux mille à mille. Les militants perdirent leur journal et devinrent indifférents aux initiatives de la Région du Parti, dont le siège était à Bourges.
4De 1925 à 1934, le communisme de l’Allier resta presque inactif. Le Comité central mit à l’écart Ernest Montusès, principal dirigeant local, estimant qu’il était un homme de tradition socialiste. Le délégué du Comité central était très autoritaire et connaissait mal les spécificités locales. Les militants locaux résistèrent timidement aux mots d’ordre de la direction. Le décès subit de Montusès et une série d’exclusions entraînèrent par contrecoup le départ d’autres adhérents. Malgré ces difficultés, les militants communistes de l’Allier conservèrent une vingtaine de municipalités communistes et s’occupaient du Secours rouge international (SRI), de la Confédération générale des paysans travailleurs (CGPT) et des Amis de l’Union soviétique (AUS). Ces mouvements laissaient beaucoup d’autonomie aux dirigeants locaux, car leur organisation avait pour base le département. La Fédération communiste de l’Allier y recruta les cadres qui lui manquaient depuis sa naissance. Pendant la période du Front populaire, le Parti communiste put sortir de l’isolement et prit l’initiative politique en mobilisant le peuple au mouvement antifasciste et à l’unité d’action avec les socialistes.
5Quelle fut la relation entre Jean Jaurès et les socialistes et communistes de l’Allier ? Malgré le court séjour de Jaurès dans l’Allier, son message vigoureux impressionna le peuple bourbonnais : Paix et Unité. Nous allons analyser ce message, avant d’en venir aux activités de deux disciples de Jaurès : Ernest Montusès et Pierre Brizon. Enfin, nous évoquerons la mémoire de Jaurès chez les socialistes et les communistes du département des années 1930.
6Le passage de Jean Jaurès
7Vers 1900, les radicaux et les républicains modérés se partageaient la clientèle électorale des campagnes, tandis que les socialistes apparaissaient dans les centres urbains et miniers. On dénombre, après les élections municipales de 1900, 136 mairies restées à la droite, et à l’extrême droite et 179 mairies allant à la gauche radicale et à l’extrême-gauche socialiste [1][1]Georges Rougeron, Lé partement de l’ Allier sous la IIIe…, dont Commentry, première municipalité socialiste de France [2][2]Pour la célébration du centième anniversaire de la municipalité…, et Montluçon. L’Allier était déjà devenu un foyer socialiste. À cette époque, Montluçon était guesdiste et Commentry vaillantiste, et une certaine concurrence jouait entre les deux villes [3][3]Selon l’étude de Claude Willard, l’Allier était un des…. Quand Commentry organisa un congrès constitutif national du Parti socialiste de France en septembre 1902, 36 fédérations et 46 départements y participèrent en présence d’Edouard Vaillant, de Jules Guesde et de Paul Lafargue [4][4]Le Socialiste de l’Allier, 28 septembre 1902.. Si au niveau national ce congrès établit la fusion des Vaillantistes et des Guesdistes, au niveau départemental, il réconcilia les deux courants. Depuis cette unité, la Fédération socialiste de l’Allier ne cessa de progresser en effectifs et en influence [5][5]Les socialistes obtinrent 19 912 suffrages en 1902, 21 437 en…. En décembre 1909, quand Jean Jaurès visita Montluçon, Commentry et Moulins, le socialisme était déjà bien implanté dans les villes industrielles (Commentry et Montluçon), la région des mines et certains cantons ruraux.
8Avec quelle motivation Jaurès visita-t-il l’Allier ? La Fédération socialiste de l’Allier de la SFIO, qui comptait deux députés, se devait d’inviter un personnage d’envergure au congrès socialiste départemental de Commentry. Les candidats aux élections législatives à venir furent élus à ce congrès. En second lieu, Jaurès venait féliciter la Fédération de sa réussite à l’élection législative complémentaire de Moulins-est du 25 avril 1909. Avant d’arriver à Commentry, Jaurès passa le samedi 18 décembre 1909 à Montluçon. Trois mille personnes vinrent au Théâtre-Cirque de la ville écouter le député de Carmaux. Un discours de Jaurès était toujours un régal : « la justesse de l’image, la précision de la pensée » [6][6]Madeleine Rebérioux, Jaurès. La parole et l’acte, Gallimard,…, la clarté de l’exposé, la rigueur du raisonnement, la phrase ample qui se déroulait en périodes, les formules qui claquaient représentaient autant d’attraits [7][7]André Sérézat, Ernest Montusès, Nonette, Éditions Créer, 1987,….
9A Montluçon, Jaurès commença par évoquer le souvenir du héros local : Jean Dormoy, père de Marx et premier maire socialiste de la ville. Cela le conduisit naturellement à parler de la santé du parti. Il se félicita de l’unité réalisée en 1905 et, traitant de la démocratie interne, affirma :
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« Quelles que soient les réformes nécessaires, salutaires que nous obtenions, le fonctionnement de la société capitaliste accumule toujours les milliards aux mains de quelques privilégiés, laissant des bribes misérables dans les mains de millions de prolétaires. De même que les citoyens dans la nation, tous les producteurs seront égaux dans une société fondée sur le principe de la souveraineté du travail. Alors, plus de conflits, plus de haines, mais une union fraternelle. Voilà le but vers lequel nous marchons !
[…] Quand, cependant, je compare l’Europe d’il y a vingt-cinq ans et l’Europe d’aujourd’hui, je puis vous dire, sans vous leurrer, que l’effort humain n’a pas été perdu, que le prolétariat a marché, que la démocratie a grandi. C’est aux dépenses de la paix qu’il faut consacrer les ressources dévorées par l’abominable régime de la paix armée. Nos ouvriers des forges, au lieu des canons, fondront des machines à produire, des machines agricoles ; ils consacreront leur vie aux œuvres de progrès ; ils bâtiront de vastes navires pour porter au loin les produits du travail et de la liberté. Ce sont les socialistes qui trouvent la parole de vérité. Il faudra bien qu’on les entende. » [8][8]Le Combat, 26 décembre 1909.
11Jaurès brossa le tableau de la société bourgeoise avec « ses tares et ses crimes ». Mais la défense de la paix le préoccupait surtout. Il fustigea les budgets de guerre, les millions jetés au gouffre. Il ne séparait pas le socialisme de la paix, comme il ne séparait pas non plus le patriotisme de l’internationalisme. Il n’oublia pas de dire aux ouvriers des usines sidérurgiques de Montluçon de fondre des machines agricoles, des machines à produire, et non plus des canons. Le soir, le tribun fut hébergé chez Ernest Montusès [9][9]André Sérézat, Ernest Montusès, op. cit., p. 89. dont Jaurès préfaça un livre [10][10]Ernest Montusès, Le député en blouse, Roanne, Éditions Horvath,….
12Pour mieux comprendre le discours de Jaurès, il est nécessaire de rappeler qu’il se souciait en permanence et partout de la paix. Le 27 mars 1908, par exemple, il interpella Clemenceau sur l’opération tragique conduite par un officier supérieur de l’armée coloniale dans la Chaouïa, au Maroc. Il fut accusé d’avoir mis en doute la « générosité du soldat français », et on mesura alors la haine que lui valaient ses prises de position, toujours très argumentées, et modérées de ton, contre les violences coloniales. De même, depuis 1896, il était intervenu à maintes reprises en faveur des Arméniens, et en 1909 il fit confiance aux Jeunes Turcs, qui venaient d’arriver au pouvoir, pour régénérer la Turquie et stabiliser les conflits dans les Balkans [11][11]Madeleine Rebérioux, Jaurès. La parole et l’acte, op. cit.,….
13Le dimanche 19 décembre 1909, Commentry prit un air de fête. On attendait Jean Jaurès, qui devait venir présider un congrès électoral socialiste et une grande réunion publique. Son arrivée était prévue par le train de Montluçon. Dès une heure de l’après-midi, les militants vinrent des communes des quatre coins de l’Allier. Dès l’arrivée du train en gare de Commentry [12][12]André Sérézat, Ernest Montusès, op. cit., p. 81., « Vive Jaurès ! » cria-t-on dans la foule. Une musique interpréta L’Internationale. Un cortège d’un millier de personnes se forma, remonta l’avenue, jusqu’à l’hôtel de ville. Tandis qu’on se dispersait, les délégués au congrès pénétrèrent dans le théâtre décoré de drapeaux rouges et d’inscriptions socialistes. Le contrôle à l’entrée permit d’établir que les délégués étaient près de cinq cents, dont deux cents élus, maires, adjoints, conseillers municipaux, conseillers généraux et d’arrondissement.
14À l’issue du congrès que Jaurès présida, vers quatre heures de l’après-midi, la foule s’engouffra dans le théâtre, ouvert à tous. Mille huit cents personnes le remplirent. Jaurès rappela avec émotion le souvenir de Christophe Thivrier, « Christou », le député à la blouse, puis aborda la situation économique de la France et de l’Angleterre, en montrant les progrès de la lutte entamée par la classe ouvrière contre ses exploiteurs. Il fustigea les partis et les hommes politiques au pouvoir. Ses formules firent mouche : l’alliance des cléricaux et des radicaux devint celle de « la mitre et des mitrons ». Aux travailleurs, il brandit le point en s’écriant : « vos maîtres sont cent mille, deux cent mille. Vous êtes des millions et des millions. Ferez-vous ce geste ? » [13][13]Le Combat, 26 décembre 1909.
15Enfin Jaurès visita à la préfecture de l’Allier, à Moulins. Jean-Baptiste Gaby, futur militant communiste, était présent :
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« Nous étions au 19 du mois de décembre 1909. Le secrétaire socialiste moulinois avait organisé pour ce jour une grande réunion publique avec le concours du citoyen Jaurès. J’avais 15 ans. A bicyclette, j’avais parcouru les 14 kilomètres qui séparent mon village de Moulins. En compagnie d’un oncle, j’assistais à la réunion. Dans la salle, deux mille personnes au moins » [14][14]Le Travail, 26 août 1923..
17Selon ce témoin, Pierre Brizon anima la réunion de Moulins. Présentant le rôle de l’aviation dans les guerres futures, Jaurès prononça l’évocation demeurée célèbre de « l’azur des cieux rougi du sang des hommes » [15][15]Georges Rougeron, Le département de l’Allier, op. cit., p. 133..
18La visite de Jaurès dans l’Allier fut un grand succès pour les socialistes bourbonnais. Au cours des élections législatives de 1910, le parti socialiste SFIO fit élire quatre députés sur six. Une tradition commençait. Au cours de l’entre-deux-guerres, communistes et socialistes firent venir des personnalités d’envergure nationale, en particulier au moment des élections. Par surcroît, la passion de Jaurès pour la paix produisit une vive impression sur les militants socialistes bourbonnais.
19Bons disciples bourbonnais de Jean Jaurès
20Dans l’Allier, trois jeunes socialistes, Pierre Brizon, Franz Brunet et Ernest Montusès admiraient Jaurès depuis fin du XIXe siècle. Mais leur rapport à Jaurès se différenciait. En 1899, quand Jean Jaurès approuva Millerand de sa participation au ministère du Commerce et de l’Industrie, Montusès lui reprocha d’être un « opportuniste » ou un « ministriel ».
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« Sans doute auprès de quelques arrivistes ou de quelques badauds, de candidats sous-préfets ou d’administrateurs professionnels, le socialisme gouvernemental pourra rencontrer pendant quelques années des applaudissements chaleureux. L’égoïsme et la sottise sont des vices bien difficiles à guérir ». [16][16]Le Socialiste de l’Allier, 28 septembre 1902.
22Montusès considéra la participation gouvernementale comme une compromission et la condamna comme telle. Par contre, Pierre Brizon accepte l’approbation de Jean Jaurès comme une des « leçons de socialisme » [17][17]Sylvie Digonat, Pierre Brizon. Militant socialiste, mémoire de…. Montusès respecta l’étiquette de Jean Jaurès lors de l’affaire Dreyfus.
23En 1902-1903, selon Madeleine Rebérioux, l’attitude de Brizon sur Jaurès était un peu contradictoire [18][18]Madeleine Rebérioux, « Pierre Brizon et Jaurès (1902-1903) »,… Il respectait Jaurès : « un homme comme Jaurès, dont le passé est beau, les idées indiscutables, le caractère admirable » tout en le critiquant « cet homme, de haute science et de grand talent est mon cauchemar : tantôt je l’admire et tantôt je l’envoie au diable opportuniste » [19][19]Ibid., p. 12..
24Lors de l’assassinat de Jaurès, Montusès écrivit que « c’est donc vers nous, organisés internationalement, que se tourne l’attention du monde. Nous n’avons rien à retrancher de nos déclarations de congrès. Nous ferons tout, calmement pour conjurer l’orage » [20][20]Le Combat social, 2 août 1914.. Il dédicaça un poème à Jean Jaurès :
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« À Jean Jaurès
Or, tandis qu’éblouis à contempler ton rêve
Tes yeux étaient fixés sur le vaste horizon
Et que, pour t’écouter, autour, on faisait trêve ;
Derrière toi, soudain, un rideau se soulève :
L’arme vient imposer silence à la raison.
Ainsi, la brute sait vaincre l’être qui pense ;
Le clair cerveau s’éteint d’un geste de la main ;
Le crime est le recours aisé de l’ignorance.
Vingt siècles de progrès ! et l’on revoit, en France,
Archimède égorgé par le soldat romain.
La foudre atteint surtout les hauts et puissants chênes
Dominant la forêt pour la mieux protéger.
De même, ô toi, Jaurès, toujours offert aux haines,
Dans l’orage gardant l’âme droite et sereine,
Tu tombes d’être grand en face du danger ! » [21][21]Ibid.
26Ce jour-là, à Montluçon, un grand meeting aurait rassemblé 10 000 personnes [22][22]André Touret, Marx Dormoy (1888-1941). Maire de Montluçon.…Le 3 août, la guerre fut déclarée. Le 26, Viviani, Sembat et Guesde entrèrent au gouvernement. La prise de position de Montusès fut aussi claire qu’en 1902 : « Je me hâte de déclarer que la situation appelait leur présence, que même la doctrine ne joue pas dans de semblables instants, que dans tout autre cas ils auraient refusé d’entrer au ministère » [23][23]Le Combat social, 30 août 1914..
27Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, élu député en 1910 dans la circonscription de Moulins-Ouest, Pierre Brizon siégea à la Chambre jusqu’en 1919. Maire socialiste de Franchesse, dans le bocage bourbonnais, il devint admirateur de Jaurès, après sa mort, d’un de « pèlerins » de Kienthal associant la lutte pour la paix à la nécessaire unité de la gauche contre la droite [24][24]Né à Franchesse (Allier) en 1878, fils de petits propriétaires….
28Brizon fut l’un des premiers socialistes français à refuser « l’union sacrée » en 1916. Du 24 au 30 avril 1916, se tint la Conférence socialiste internationale contre la guerre à Kienthal, à laquelle trois députés socialistes, Pierre Brizon, Alexandre Blanc, député du Vaucluse et Jean-Pierre Raffin-Dugens de l’Isère participèrent à titre personnel. La majorité du parti socialiste critiqua ce voyage. Mais Montusès défendit Brizon dans l’organe du parti socialiste : « Nous avons plusieurs élus, l’un d’eux est allé à Kienthal… Eh bien, malgré les invites trop intéressées de certains adversaires, la Fédération n’a pas "désavoué" Pierre Brizon » [25][25]Le Combat social, 6 août 1916.. Toutefois, le conseil fédéral de la Fédération de l’Allier tint à déclarer, le 16 avril 1916, qu’il était « contre la reprise des rapports internationaux jusqu’à nouvel ordre » et qu’il n’avait donné « mandat à aucun élu de l’Allier pour prendre part à la conférence de Kienthal ». En juin de la même année, la question des crédits de guerre fut posée à la Chambre. Le parti socialiste déclara qu’il « votera, aujourd’hui comme depuis 22 mois, les crédits demandés par le gouvernement ». Brizon, au nom de la délégation française de Kienthal, s’écria : « Nous restons fidèles aux déclarations des congrès internationaux. Nous sommes pour la fin de la guerre, pour un armistice immédiat… ». Le vote donna les résultats suivants : pour les crédits, 512 voix ; contre, 3 voix. Le correspondant moulinois du Combat social, évoquant le vote des trois pèlerins de Kienthal, écrivit alors : « L’avenir leur tressera la couronne due aux précurseurs » [26][26]Le combat social, 1er juin 1916..
29Pierre Brizon publia sous le titre « Réponse de l’accusé », une justification de sa présence à la conférence de Kienthal, par laquelle il prit définitivement position contre la politique officielle de son Parti : « Je suis resté dans l’Internationale. Vous êtes tombés dans le nationalisme. Où est le coupable ? » Il continua à harceler le gouvernement jusqu’en 1918. Ses sentiments étaient représentatifs de ceux des campagnes de l’Allier dont il avait exprimé les revendications, notamment celle des métayers [27][27]Comptes rendus des débats parlementaires, Chambre des députés,….
30La ligne du Combat social parut s’accentuer dans le sens des « minoritaires » avec la publication d’articles de Marcelle Capy, Paul Louis, Jean Longuet, Paul Mistral et Sixte Quenin. Des sections et des correspondants se solidarisèrent avec le « pèlerin de la paix » [28][28]Le Combat social, 21 mars 1916.. Ernest Montusès, sentimentalement plus proche des kienthaliens, s’efforça de trouver les termes d’un rapprochement et de faire en sorte que les désaccords évidents à chaque page de l’organe commun, ne conduisent à l’irrémédiable rupture [29][29]Georges Rougeron, La presse bourbonnaise sous la IIIe….
31Cependant, deux tendances allaient désormais se différencier de plus en plus : celle de la paix par la victoire et celle de la paix immédiate sans indemnité ni annexion, dont Pierre Brizon s’était fait l’audacieux et éloquent interprète. La Révolution russe, avec la prise du pouvoir par les bolcheviks en octobre 1917, accentua des divergences dont l’écho se manifesta par des articles contradictoires publiés dans les colonnes du Combat social, et avec une force accrue lorsqu’au début de janvier 1918, Brizon lança La Vague, qui allait connaître un immense succès auprès des ouvriers, des paysans et des femmes, lassés de la guerre, et dans les cantonnements et les tranchées. Au moment du congrès du parti socialiste, La Vague, dressant un bilan, écrivit :
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« Le Parti socialiste va donc tenir son congrès annuel. Pauvre Parti ! Dans quelle misère, il a été mis par la guerre et par la politique ministérielle et jusqu’au-boutiste de nos princes majoritaires. […] Il ne compte plus que 34 000 membres… Il ressemble à une armée qui aurait beaucoup de généraux, d’officiers et de sous-officiers, mais pas beaucoup de soldats. […] Si les militants avaient voulu, parlé, agi, voté, il y a longtemps que la majorité internationaliste et pacifiste auraient la direction du Parti. » [30][30]« Le congrès de la paix », La Vague, 3 octobre 1918.
33Brizon regretta qu’il n’y eut pas beaucoup de pacifistes et d’internationalistes dans la direction du Parti. Le retentissement de La Vague fut énorme, dépassant l’audience de l’Humanité, organe officiel du Parti communiste. Brizon et son journal à très fort tirage (300 000) exprimaient une grande soif de paix, une volonté confuse de bouleversement social [31][31]Claude Willard, Socialisme et communisme français, op. cit.,…. Mais dans l’Allier, la majorité réunie, autour de Paul Constans, demeura attachée à la guerre « jusqu’au bout ». Il fallut attendre 1918 pour que l’opposition socialiste se généralisât. Lors de la session d’août, l’extrême-gauche du conseil général fit retirer des textes de confiance au ministère Clemenceau. En avril 1919, elle fit adopter, malgré l’opposition du préfet, une protestation contre l’intervention alliée en Russie.
34Malgré son échec aux élections législatives de 1919, Brizon ne pensa pas qu’il pouvait y avoir d’autre méthode que celle qu’il avait adoptée. Si les élections avaient été un échec pour lui, c’est que les cerveaux du peuple n’étaient pas assez « débourrés ». Il s’en prit aux « moutons qui avaient voté pour les loups », et en voulait encore davantage à ceux qui s’étaient abstenus. Lors du congrès de Tours, il choisit la SFIC mais il proposa l’unité aux deux camps. Il croyait toujours à la victoire inéluctable du socialisme [32][32]L’Humanité, 2 août 1922 ; Alexandre Blanc, « Kienthal »,…. Les activités d’un politicien du pays natal qui parle la même langage que celui des paysans, son expulsion « injuste » se gravèrent profondément dans la mémoire des militants ruraux du département.
35Pierre Brizon fut exclu en octobre 1922 par le comité central à cause de sa proposition du « Bloc des rouges » [33][33]Le Travail, 29 octobre 1922.. À partir de novembre 1922, certains groupes communistes de l’Allier (Avermes [34][34]La Vague, 21-27 décembre 1922., Saint-Yorre, Cressanges [35][35]La Vague, 7-13 décembre 1922., Franchesse [36][36]Le Combat Social, 19 novembre 1922. et Noyant-Châtillon [37][37]La Vague, 21-27 décembre 1922.) protestèrent contre l’exclusion de Brizon. Les membres de ces sections donnèrent leur démission collective du Parti communiste pour protester contre l’exclusion de celui qui avait toujours été à l’avant-garde du « parti révolutionnaire ». Ils décidèrent de rester en dehors du Parti aussi longtemps qu’il ne serait pas réintégré. Ils n’admettent pas l’exclusion de celui qui avait eu, pendant la guerre, le courage de dénoncer ouvertement les fautes du gouvernement, qui regrettait la division existant entre les socialistes, et demandait à tous les groupements ouvriers de faire leur possible pour une union d’entente, le Bloc des Rouges, contre le Bloc des Gauches, qui, pour eux, n’était que le Bloc national camouflé [38][38]Cocorico, 12 novembre 1922.. Ils blâmèrent en outre les délégués communistes de l’Allier : Ernest Montusès, Alexis Gaume qui n’avaient pas eu le courage de prendre la défense de Brizon au congrès de Paris [39][39]André Sérézat, Ernest Montusès, op. cit., p. 187..
36Les adhérents communistes des sections rurales s’opposaient à la « dictature des anciens jusqu’au-boutistes » qui ne tenaient aucun compte de l’existence des sections et ne comptaient les membres du Parti que comme des machines à cotiser. Ils réclamaient à la Fédération communiste de l’Allier et au Comité directeur tous les renseignements sur l’exclusion de Brizon, car ils osaient croire que pour l’exclure, des preuves formelles de culpabilité avaient été relevées contre lui. Et ils ajoutaient :
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« Si ces preuves ne leur sont pas fournies ou que s’ils jugent que ce n’est que sur des ragots que l’exclusion fut prononcée, ils se retireront de la Fédération. Ils resteront avec leurs idées communistes, mais ils n’appartiennent plus à un parti qui exclut de son sein toute idée de critique ». [40][40]La Vague, 21-27 décembre 1922.
38À partir du 12 mai 1923, Pierre Brizon changea le titre de La Vague en Le Bloc des rouges de Jaurès à Lénine. Il pensait que l’invocation de Jaurès donnerait la méthode pour sortir de la situation : « Il y a du vrai, car il s’est glissé encore, même dans l’Union socialiste et communiste, quelque-uns de ces éternels intolérants avec lesquels on ne peut rien faire de puissant… » [41][41]Le Bloc des rouges, 12 mai 1923.. Brizon ne douta jamais que « si Jaurès n’est pas assassiné, le parti compterait 500 000 adhérents, la CGT grouperait 3 millions de syndiqués, l’Humanité de Jaurès tirait à 600 000 (au lieu de 110 000). Nous serions forts en face de Poincareff et du Bloc national. C’est pourquoi nous continuons ici la politique de Jaurès et de Marx » [42][42]Ibid.. Pierre Brizon mourut subitement le 4 août 1923. Après sa mort, Brizon fut longtemps mal aimé et oublié. Pour les communistes, il était un expulsé par le Parti, pour les socialistes, il était un politicien qui avait trahi la « vieille maison ».
39Ses sympathisants dans les campagnes de la région de Moulins quittèrent collectivement le Parti. La Fédération de l’Allier se défendait avec difficulté contre les critiques des militants ruraux, des socialistes SFIO et des droites. Enfin, la direction du Parti communiste dut envoyer Frossard pour calmer la haine des paysans du nord-ouest du département contre le Parti. Mais au milieu des paysans communistes et des sympathisants du Parti, dominait le plein désarroi envers le Parti, et le doute envers la direction du Comité central et de la Fédération. Or dans ce département, se heurtaient le localisme et le centralisme du Parti. Un dirigeant qui voulait réaliser des idées de Jean Jaurès dans le monde rural était refusé par le comité central du Parti communiste et alors qu’il était protégé par certains militants locaux du département.
40« Toujours Jean Jaurès »
41Après le congrès de Tours, les deux partis de gauche de l’Allier se battaient pour commémorer des précurseurs socialistes, surtout Jean Jaurès. Chaque camp voulut tirer Jaurès de son côté le grand homme assassiné à la veille de la guerre. En août 1921, Ferdinand Bierjon, secrétaire de la section communiste de Montluçon, certainement formé par Montusès, assista à la conférence de Bracke, organisée par la section socialiste SFIO de Montluçon à la mémoire de Jaurès. Bierjon s’éleva contre la prétention de cette section de faire de Jaurès et de sa vie politique un tout à l’usage exclusif des adeptes de ce parti. Il prétendit au contraire que toutes les actions et toutes les pensées du grand tribun étaient empreintes du communisme le plus idéal et le plus pur, semblable à celui de sa section communiste. Il lut plusieurs passages des ouvrages de Jaurès, cita plusieurs extraits de ses nombreux discours, les commenta et conclut : « Jaurès était des nôtres, nous pouvons hautement revendiquer son patronage et nous ne devons pas laisser les dissidents se l’attribuer exclusivement » [43][43]Rapport du commissaire spécial à Montluçon du 6 août 1921,….
42À l’occasion de l’anniversaire de la mort de Jaurès, la section montluçonnaise du Parti socialiste (SFIC) adressa à Madame Jaurès et à sa fille l’expression respectueuse de sa douleur inapaisée. La section rappela que le grand orateur avait été son hôte en décembre 1909 et qu’il avait prononcé à Montluçon, au Théâtre-Cirque, un discours prophétique où la splendeur du verbe avait servi ce soir-là à décrire l’horreur de la guerre qui venait. Elle souligna que Jaurès avait été « le plus ardent et le plus noble des communistes » [44][44]Le Travail, 31 juillet 1921..
43La célébration de Jean Jaurès revint à la fin des années 1930, sur l’initiative du parti socialiste. Les municipalités socialistes et communistes de l’Allier avaient commencé à donner le nom de Jean Jaurès à nombreuses rues. La mairie socialiste de Montluçon donna son nom à la place de mairie. Le Parti communiste annonça aussi une Journée Jaurès pour le 31 juillet 1937. La manifestation du comité Jean Jaurès se tint dans une atmosphère de cordialité entre socialistes et communistes. Comparons trois manifestations particulières du souvenir de Jaurès dans l’Allier.
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« S’est déroulée sur l’esplanade du Vieux Château, la manifestation organisée par le parti socialiste en mémoire de Jaurès. Environ 1 500 manifestants avaient répondu à l’appel des organisations. Les organisations du Rassemblement populaire invitées étaient représentées au bureau du meeting. Le président de séance, [Marx] Dormoy, ministre de l’Intérieur, prit la parole pour exposer ce que fut la vie et l’œuvre de Jaurès. Il passa ensuite, la parole à [Pierre] Valignat, qui, au nom de la section communiste de Montluçon, salua la mémoire de Jaurès, apôtre de la Paix et de l’Unité. Il montra le grand pacifiste que fut Jaurès, luttant dans l’affaire d’Arménie contre les faux accords de non-intervention dont le résultat n’est autre que d’écraser les peuples, luttant pour leur indépendance et leur liberté. Il montra Jaurès, grand patriote, voulant arracher la patrie aux bandes de la finance et de la réaction et il rapprocha les vues de Jaurès de celles du Parti qui avait su réconcilier le drapeau tricolore et le drapeau rouge, L’Internationale et La Marseillaise et qui travaillait à unir le peuple de France contre les deux cents familles, les Doriot, de La Rocque et autres factieux. Il montra Jaurès apôtre de l’unité, travaillant à unir les différentes fractions ouvrières dans un parti unique et il rapprocha ces efforts d’unité de ceux du Parti communiste. Puis Castau, au nom du comité Paix et Liberté, montra les jours menaçants de 1914 et évoqua les pionniers infatigables de la lutte pour la paix : Jaurès, Liebknecht, Lénine. Migraine au nom de la Bourse du travail retraça le travail du syndicat pour la guerre. Puis Doucet nous lut avec un grand talent d’artiste une des plus belles pages de l’œuvre de Jaurès. Georges Rougeron nous fit ensuite une très belle conférence sur le grand disparu et retraça toute sa vie, toute son œuvre, toute sa liberté. » [45][45]La Voix du peuple, 7 août 1937.
45Le comité Jean Jaurès de Montluçon voulait montrer que le tribun fut un homme d’unité et de paix. La manifestation de Lapalisse fut un peu différente de celle de Montluçon. Le Comité du souvenir Jean Jaurès de Lapalisse avait convié la population à honorer l’anniversaire de la mort du grand homme le samedi 31 juillet 1937. Le cortège s’ébranla, précédé des drapeaux des organisations. Une gerbe et une palme furent déposées au Monument aux morts : après la minute de silence, les admirateurs de Jaurès s’acheminèrent vers la salle des fêtes où se déroula le grand meeting, non sans être allés s’incliner devant le monument aux victimes du 2 décembre 1851.
46Fernand Auberger, instituteur à Bellerive-sur-Allier (socialiste), après avoir retracé la vie de Jaurès, avança que Jaurès aurait approuvé Brizon dans la lutte contre la guerre. Criant que Jaurès vivant aurait tout fait pour arrêter l’affreuse tuerie, il termina son exposé en formulant les vœux de voir se réaliser l’unité politique. Mallet (communiste) salua la première victime de la guerre, les morts du grand carnage et les pionniers de la République de 1848-1851. Lui aussi retraça la vie du militant pacifiste venu au socialisme « par amour du juste et du beau » et qui lutta toute sa vie pour son idéal et pour la paix. L’orateur évoqua le fondateur de l’Humanité, le grand journal de la classe ouvrière, et dit que les communistes étaient dans la ligne de Jaurès. Brun et Cerclier, de la Ligue des droits de l’homme, exposèrent son rôle dans l’affaire Dreyfus : alors que, même à l’intérieur du Parti socialiste, de nombreux militants étaient partisans de laisser « se débrouiller les militaires et les bourgeois entre eux », Jaurès s’était dressé contre cette infamie. Le samedi 31 juillet, les quêteuses se consacrèrent sans relâche à vendre des insignes Jean Jaurès dans la rue [46][46]Ibid.. À cette époque, les militants socialistes et communistes de l’Allier se répétaient comme suivant : « Nous ne pouvons pas être Jaurès, mais nous pouvons marcher dans sa voie, nous pouvons vivre et mourir pour la liberté, la justice et la paix » [47][47]Ibid..
47Sur l’initiative de la municipalité socialiste de Commentry, une grande cérémonie commémorative fut consacrée à Jaurès le même jour. La section communiste avait répondu favorablement à l’invitation car elle considérait que les manifestations communes ne pouvaient que faciliter « l’unité pour vaincre le capitalisme ». Isidore Thivrier, député socialiste et fils de Christophe Thivrier, retraça la vie généreuse de Jaurès puis Henri Cluzel, au nom de la section communiste, fit une courte allocution et enfin Derouflet, au nom de l’Union locale, apporta l’hommage des syndicats commentryens [48][48]Ibid..
48La Journée Jean Jaurès fut un succès pour le Parti communiste de l’Allier. En cette année 1937, l’unité, le mouvement pour la paix et l’aide à l’Espagne étaient les thèmes majeurs de l’année 1937. Les Bourbonnais gardaient de Jaurès un souvenir vivace et fort. Il était comme une légende vivace depuis la visite qu’il avait faite dans l’Allier et un grand discours auquel de nombreux militants de 1937 avaient assisté.
49Après la montée du fascisme, face à un horizon chargé de menaces de guerre, les Bourbonnais de gauche se pensaient dans la même situation que vingt-trois ans auparavant. À cette époque, Jaurès disait que le capitalisme portait en lui la guerre « comme la nuée porte l’orage ». Dans les années 1930, le fascisme apparaissait comme la principale menace de guerre. Ceux qui voulaient la paix devaient le détruire.
50Les communistes de l’Allier commémoraient Jean Jaurès et savaient aller un peu plus loin. Dans le contexte des années 1930, ceux de Lapalisse identifiaient Jaurès et Brizon, saluant l’image du précurseur du communisme dans le département. Car Brizon était lui aussi vivant dans leur mémoire comme un homme de paix et d’unité. Les dirigeants communistes appelaient au nom de Jaurès à l’aide à l’Espagne. Ils étaient sûrs que, s’il avait été parmi eux en ces années 1930, il se serait tourné vers les Espagnols « pour la liberté du monde » et aurait exigé que la France les aide à abattre le fascisme et à sauver les démocraties.
51Par ces cérémonies commémoratives, les Bourbonnais honoraient leurs dirigeants locaux qui avaient compris leurs mentalités et défendu leurs intérêts mais avaient été exclus ou mis à l’écart par les instances nationales du Parti. Tel avait été le cas de Pierre Brizon et d’Ernest Montusès qui suivirent la voie de Jean Jaurès. Enfin les socialistes et communistes de l’Allier réussirent à mobiliser le peuple en évoquant les messages de Jean Jaurès. Ils purent élire six députés socialistes sur six aux élections de 1936 et le président socialiste au conseil général et premier député communiste du département en 1939. « Si Jaurès est vivant, il nous dira en quoi… » est devenu une devise politique et les socialistes et communistes de l’Allier gardaient le souvenir d’un grand tribun qui avait défendu les valeurs auxquelles ils tenaient tant : l’unité et la paix.
Notes
Georges Rougeron, Lé partement de l’ Allier sous la IIIe République (1870-1940), Montluçon, Typocentre, 1965, p. 101
Pour la célébration du centième anniversaire de la municipalité socialiste de Commentry, Pierre Mauroy, Premier ministre, rendit visite à cette ville le 12 novembre 1982. Il prononça une allocution dans la salle des fêtes locale. « La première municipalité socialiste du monde ! La première mairie rouge de France ! ». Le Monde, 12 novembre 1982 ; « Pierre Mauroy à Commentry », Bourbonnais hebdo, 12 novembre 1982.
Selon l’étude de Claude Willard, l’Allier était un des meilleurs départements pour le mouvement vaillantiste avec le Cher. Le mouvement guesdiste se greffa aussi bien dans l’Allier que dans le Nord. Claude Willard, Socialisme et communisme français, Armand Colin, 1978, pp. 74-75.
Le Socialiste de l’Allier, 28 septembre 1902.
Les socialistes obtinrent 19 912 suffrages en 1902, 21 437 en 1906, 41 566 en 1910, 1116 cartes en 1905, 1 287 en 1911, 1 250 en 1912. Un travail suivi et sérieux avait permis la création de 68 sections nouvelles de 1908 à 1914. À la veille de la Grande Guerre, 96 sections et 3 groupes de Jeunesses socialistes se partageaient la tâche de semer les idées socialistes à travers le département. Georges Rougeron, Le mouvement socialiste en Bourbonnais (1875-1944), Vichy, les Éditions du Beffroi, 1946, pp. 41-42.
Madeleine Rebérioux, Jaurès. La parole et l’acte, Gallimard, 1994, p. 142.
André Sérézat, Ernest Montusès, Nonette, Éditions Créer, 1987, p. 82.
Le Combat, 26 décembre 1909.
André Sérézat, Ernest Montusès, op. cit., p. 89.
Ernest Montusès, Le député en blouse, Roanne, Éditions Horvath, 1982 (première édition en 1913).
Madeleine Rebérioux, Jaurès. La parole et l’acte, op. cit., pp. 90-91
André Sérézat, Ernest Montusès, op. cit., p. 81.
Le Combat, 26 décembre 1909.
Le Travail, 26 août 1923.
Georges Rougeron, Le département de l’Allier, op. cit., p. 133.
Le Socialiste de l’Allier, 28 septembre 1902.
Sylvie Digonat, Pierre Brizon. Militant socialiste, mémoire de maîtrise, université Paris VIII, 1968-1969, pp. 42-44.
Madeleine Rebérioux, « Pierre Brizon et Jaurès (1902-1903) », Bulletin de la société d’études jaurésiennes, n° 44, janvier-mars 1972, pp. 9-12.
Ibid., p. 12.
Le Combat social, 2 août 1914.
Ibid.
André Touret, Marx Dormoy (1888-1941). Maire de Montluçon. Ministre du Front populaire, Nonette, Éditions Créer, 1998, p. 37.
Le Combat social, 30 août 1914.
Né à Franchesse (Allier) en 1878, fils de petits propriétaires paysans, Brizon était très marqué par l’influence de son milieu rural et mena ses actions soit au niveau national, soit au niveau local auprès de la paysannerie. Il voulait lutter contre « la misère aux champs » et satisfaire la préoccupation dominante de son milieu familial : donner aux cultivateurs le fruit de leur travail et la propriété du sol. Pierre Brizon sut saisir aussi la colère et les revendications paysannes. Les activités de Brizon avaient réussi à amener les paysans au parti socialiste. Sur ce sujet, voir LEE Haksu, Le Bourbonnais rouge. Le communisme et les campagnes de l’Allier durant l’entre-deux-guerres, thèse de doctorat, université Paris IV, 2002, pp. 102-103.
Le Combat social, 6 août 1916.
Le combat social, 1er juin 1916.
Comptes rendus des débats parlementaires, Chambre des députés, séances du 13 juin 1910.
Le Combat social, 21 mars 1916.
Georges Rougeron, La presse bourbonnaise sous la IIIe République, op. cit., p. 34.
« Le congrès de la paix », La Vague, 3 octobre 1918.
Claude Willard, Socialisme et communisme français, op. cit., p. 108. L’auteur estime également que Brizon adhéra de façon plus sentimentale que raisonnée à la Révolution russe.
L’Humanité, 2 août 1922 ; Alexandre Blanc, « Kienthal », L’Humanité, 3 août 1923 ; « Les obsèques de Pierre Brizon », L’Humanité, 4 août 1923.
Le Travail, 29 octobre 1922.
La Vague, 21-27 décembre 1922.
La Vague, 7-13 décembre 1922.
Le Combat Social, 19 novembre 1922.
La Vague, 21-27 décembre 1922.
Cocorico, 12 novembre 1922.
André Sérézat, Ernest Montusès, op. cit., p. 187.
La Vague, 21-27 décembre 1922.
Le Bloc des rouges, 12 mai 1923.
Ibid.
Rapport du commissaire spécial à Montluçon du 6 août 1921, Archives départementales de l’Allier 1M.
Le Travail, 31 juillet 1921.
La Voix du peuple, 7 août 1937.
Ibid.
Ibid.
Ibid.